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Yoon Suk Yeol est toujours président de la Corée du Sud. Le million de Coréens martelant « destitution, destitution » sous les fenêtres d’une Assemblée nationale transformée en camp retranché, n’aura pas suffi à convaincre les députés de voter la destitution du dirigeant sur la sellette pour avoir décrété la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre, quelques heures avant que les députés ne reviennent sur cette décision.
Présentée au vote dans la soirée du samedi 7 décembre, la motion sur la destitution a été soutenue par les 192 députés de l’opposition. Malgré les appels lancés par le président de l’assemblée, Woo Won-shik (Parti démocrate), les élus du Parti du pouvoir populaire (PPP, au pouvoir) ont quitté l’hémicycle et n’ont pas participé au scrutin, sauf trois. L’attente a duré jusqu’à 21 h 20 et le vote a été stoppé. L’absence des élus PPP a fait que le quorum nécessaire à la validation du vote, 200 suffrages exprimés, n’a pas pu être atteint. La destitution a de ce fait été automatiquement rejetée. Il manquait de toute façon huit voix pour atteindre les 200 nécessaires – soit les deux tiers de l’assemblée – pour passer la destitution.
L’opposition prévoit déjà de représenter une motion similaire le 11 décembre. Le premier ministre, Han Duck-soo, a promis de stabiliser une situation d’incertitude politique. Devant l’assemblée, à l’annonce du résultat, des larmes ont coulé et des sifflets ont retenti. Certains ont crié leur colère. Le mécontentement est d’autant plus fort que les députés avaient rejeté, quelques heures plus tôt, une motion prévoyant la création d’une commission d’enquête spéciale sur les allégations de corruption et de manipulation de titres par la première dame honnie des Coréens, Kim Keon-hee.
Les « sincères excuses » de M. Yoon
Le vote concluait trois jours d’intenses tractations pour parvenir aux fameux deux tiers des voix. Le PPP, qui a refusé tout dialogue avec l’opposition, a longuement hésité. D’abord hostile à la destitution, Han Dong-hoon, son président – qui devait aussi être arrêté si la loi martiale avait pu être instaurée – a estimé que le président « n’était plus en mesure d’exercer normalement ses fonctions, ce qui rend inévitable une démission anticipée ». Après de nouveaux entretiens avec le président et le premier ministre, il a finalement opté pour le rejet de la motion.
La décision aurait été influencée par les excuses présentées par M. Yoon dans la matinée du 7 décembre, au cours d’une intervention de deux minutes. « La proclamation de la loi martiale était une décision désespérée du président, responsable ultime de la gestion de l’Etat. J’admets que ce processus a causé de l’inquiétude de nos concitoyens. Je tiens à exprimer mes plus sincères excuses à ceux qui ont été profondément troublés. Je n’éluderai pas les responsabilités juridiques et politiques liées à cette proclamation », a déclaré le président, qui lisait manifestement un texte écrit pour lui. Il a aussi promis qu’il n’y aurait jamais de deuxième loi martiale : « Des rumeurs circulent selon lesquelles une nouvelle loi martiale pourrait être instaurée, mais permettez-moi d’affirmer clairement : il n’y en aura jamais. »
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