Plus que jamais déterminés, les Sud-Coréens ne désarment pas pour obtenir le départ de leur président, Yoon Suk Yeol. Depuis l’échec de sa tentative d’imposer la loi martiale, des rassemblements s’enchaînent dans tout le pays contre « la trahison » d’un dirigeant dont la destitution doit être soumise au vote des députés. Le scrutin devrait avoir lieu au plus tard samedi, par crainte d’une réaction de l’entourage du président, qui fait par ailleurs l’objet de premières investigations. Le parti présidentiel a demandé jeudi 5 décembre le départ « rapide » du dirigeant sud-coréen, estimant que son maintien au pouvoir représente un « grand danger » pour le pays, sans dire explicitement s’il comptait voter la destitution.
A Séoul, les manifestants se sont retrouvés jeudi soir devant la présidence dans le quartier de Yongsan-gu, et dans le parc entourant l’imposant bâtiment de l’Assemblée nationale, porté par des colonnes qui symbolisent la diversité des opinions.
Dans la froide nuit étoilée, une seule voix s’exprime ce soir-là : « Arrêtez immédiatement le criminel traître Yoon Suk Yeol et ses complices ! » Les participants brandissent des panonceaux disant : « L’annulation de la loi martiale illégale est une victoire pour la démocratie » ou « Faisons tomber le président Yoon, qui a ramené l’horloge de la Corée du Sud quarante-quatre ans en arrière, et faisons-lui payer les cent cinquante-cinq minutes de terreur. » Les cent cinquante-cinq minutes font référence à la période, dans la nuit du 3 au 4 décembre, entre l’annonce de la loi martiale et son annulation par les députés. Les quarante-quatre ans évoquent les massacres de Gwangju de 1980, commis par l’armée sur ordre du dictateur Chun Doo-hwan (1980-1987), qui avait imposé la loi martiale dans la ville méridionale.
La chandelle, un symbole
Dans la foule se massent toutes les générations. Même les jeunes, qui semblaient se désintéresser de la politique après l’élection de M. Yoon, sont mobilisés. Une étudiante emmitouflée dans sa doudoune noire, tient à bout de bras un panneau reprenant les mots du philosophe américain antiesclavagiste Henry David Thoreau (1817-1862) : « Je ne suis pas né pour être contraint. Je respirerai à ma façon. Voyons qui est le plus fort. »
Encouragée par des militants et des députés, la foule entonne des chants de Noël aux textes détournés pour se moquer de M. Yoon et de la première dame, Kim Keon-hee, accusée de corruption et de manipulations de titres. Solennelle, l’ambiance est aussi festive, comme pour conjurer la peur suscitée par l’annonce de la loi martiale.
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