
Depuis plusieurs jours, la justice française est la cible d’attaques d’une ampleur inédite. Aux discours de défiance portés par plusieurs responsables politiques se sont ajoutées des mises en cause et des menaces explicites. Des magistrats ont été nommément pris à partie, injuriés, intimidés sur les réseaux sociaux et jusque dans leur vie personnelle, qui s’en trouve bouleversée.
Ces dérives sont inacceptables et dangereuses, non seulement pour les magistrats visés, mais aussi pour notre démocratie tout entière. Il ne peut y avoir de démocratie sans une justice indépendante, ni d’autorité judiciaire sans la confiance du peuple, au nom duquel elle est rendue. Porter atteinte à cette confiance revient à attaquer le cœur même du pacte démocratique et à fragiliser la société dans son ensemble.
Il est impératif que cessent les pressions et les menaces dont font l’objet ces derniers jours des magistrats qui n’ont fait qu’exercer leurs fonctions. Il faut revenir à la mesure, à la responsabilité et au respect de nos institutions, pour que la justice puisse être rendue à l’égard de tous, dans un climat serein et apaisé. Il faut aussi se tourner vers l’avenir et bâtir une justice renforcée, à la hauteur des attentes des Françaises et des Français qui la placent, avec l’éducation et la santé, parmi leurs principales préoccupations.
Dialogue ouvert
Pour ce faire, au-delà des moyens matériels et humains, c’est à une véritable refondation de la confiance qu’il faut s’atteler. Une confiance qui n’est pas seulement une vertu des temps calmes, mais aussi un pilier pour les jours de tempête. Une confiance qui ne se décrète pas mais qui se construit, pas à pas.
Cela passe d’abord par une meilleure connaissance de l’institution judiciaire et par un dialogue ouvert entre les citoyens et leur justice. Que chacune et chacun sache qu’elle n’est pas le produit d’une machine désincarnée, mais bien l’œuvre quotidienne de femmes et d’hommes, agissant au seul service de l’intérêt général. Que tous voient, par exemple en assistant à des audiences publiques, comment elle se rend chaque jour dans les tribunaux de la République, loin des caricatures. Que les professionnels du droit n’aient de cesse de mieux communiquer sur la réalité de leurs missions et de leurs actions. Pour que l’attachement à la justice ne soit ni aveugle ni fragile, mais éclairé et durable.
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