La Chine peut-elle éviter une crise économique ? Depuis la fin de la politique zéro Covid, en décembre 2022, les acteurs économiques chinois espèrent des mesures pour relancer l’activité. Depuis huit mois, ils sont déçus. Pékin joue la discipline budgétaire. Pourtant, les indicateurs économiques sont des de plus en plus alarmants : le pays est entré en territoire déflationniste en juillet, l’immobilier ne cesse de chuter, avec une baisse des ventes de 34 % en août, et plusieurs grands promoteurs, comme Evergrande et Country Garden, sont au bord de la faillite, risquant d’emporter dans leur chute des institutions financières.
Les exportations ont aussi reculé de 14,5 % en juillet, tandis que la consommation stagne. Le chômage des jeunes est tellement haut que les autorités ont arrêté d’en publier les chiffres en août, après un record atteint en juin, à 21,3 %.
Face à cette avalanche de mauvaises nouvelles, la stratégie des décideurs chinois se précise. Après avoir baissé ses taux d’intérêt deux semaines plus tôt, la banque centrale chinoise a abaissé, vendredi 1er septembre, le niveau de réserves obligatoires de devises étrangères pour les banques, afin de soutenir le yuan, qui a atteint, en août, son niveau le plus bas face au dollar depuis 2007.
Les gouvernements locaux, surendettés après trois ans de politique zéro Covid, et privés des recettes issues des ventes de terrains aux promoteurs immobiliers, ont été autorisés, mi-août, à émettre 1 000 milliards de yuans (127 milliards d’euros) de nouvelles dettes. Les autorités ont aussi annoncé, vendredi, la possibilité pour les banques de baisser les taux d’intérêt des emprunts immobiliers et des déductions d’impôts pour les dépenses liées à l’éducation des enfants.
La consommation progresse
Ces stimuli monétaires et fiscaux sont loin du niveau atteint en 2008, ou même en 2015, la dernière crise immobilière, qui avait poussé Pékin à autoriser l’émission de 12 000 milliards de yuans de dettes pour sauver les finances des gouvernements locaux.
Si cette approche avait notamment permis de relancer le secteur immobilier pour quelques années, elle avait contribué à aggraver le surendettement des promoteurs et des gouvernements locaux, dont la dette totale est estimée à 66 000 milliards de yuans par le Fonds monétaire international (FMI).
D’où la discipline budgétaire actuelle. « La solution la plus simple serait d’offrir une caution aux développeurs, mais les dirigeants chinois ne veulent pas le faire. Je pense qu’on va voir apparaître une distinction entre les banques, qui seront protégées, et les promoteurs immobiliers qui ont énormément bénéficié de la hausse des prix ces dernières années, qui devront se débrouiller. Pour l’instant, il semble qu’ils préfèrent attendre quelques mois pour voir si les mesures actuelles de soutien à la demande fonctionnent », analyse Michelle Lam, spécialiste de la Chine à la banque d’investissement de la Société générale.
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