Dans l’opéra chinois, le maquillage est un art à part entière. A lui seul, il doit permettre de reconnaître instantanément les personnages. Assembler les couleurs, créer des formes sur les visages, c’est la passion de Mao Geping, ancien acteur de l’Opéra Zhejiang Yue dans les années 1980, devenu maquilleur. Il a ouvert sa première école en 2000.
Ce mardi 10 décembre, à 60 ans, il est devenu milliardaire. Sa société de produits de beauté s’est introduite à la Bourse d’Hongkong, valorisant sa participation au-delà du milliard d’euros. L’accueil a été enthousiaste, avec un bond de plus de 80 % du cours. Tout cela alors que ses produits sont chers, dans un contexte passablement déprimé où les grands du secteur, comme L’Oréal, peinent à séduire les Chinois. Mao Geping, lui, a vu ses ventes grimper de 40 % sur le seul premier semestre 2024.
Cette histoire apparaît comme un rayon de soleil dans un ciel d’orage. La Chine se bat contre le spectre de la déflation, conséquence du peu d’appétit des consommateurs. Sur les dix premiers mois de l’année, les prix à la consommation n’ont augmenté que de 0,3 %. Un niveau si faible signifie des profits, des investissements et des salaires en berne.
Futures taxes douanières américaines
Le seul moteur encore valide est celui de l’exportation. En novembre, elles ont encore augmenté de 6,7 %, après 12,7 % de hausse en octobre. Mais cette manne est menacée par la colère des Américains et des Européens, qui voient déferler les produits à prix cassés dont les consommateurs chinois ne veulent plus. Cette situation dangereuse alarme les autorités, qui constatent le peu d’efficacité des timides plans de relance annoncés. Lundi, l’organe dirigeant du parti, le politburo, a fait savoir qu’il pourrait inaugurer en 2025 une politique massive d’aides, sur le plan fiscal et monétaire. Une déclaration au parfum de relance budgétaire et de baisse des taux à un niveau inédit depuis quatorze ans et la crise des années 2010. C’est, en tout cas, comme cela que les marchés ont accueilli la nouvelle. Toutes les Bourses asiatiques se sont envolées de concert, mardi.
La stimulation de l’économie domestique est essentielle pour le pays, dans la perspective d’une baisse des exportations avec les futures taxes douanières américaines promises par le futur président Donald Trump. Dans ce domaine, le cercle vicieux est enclenché. Aux restrictions à l’exportation vers la Chine des puces du californien Nvidia, Pékin a rétorqué en lançant une enquête sur la société. L’heure n’est pas à la détente. Les exploits de Mao Geping ne suffiront pas à redresser le moral des Chinois. Ce dernier doit sa notoriété à ses talents de maquilleur de la star quadragénaire Liu Xiaoqing, dans une série télévisée des années 1990. Il l’avait transformée, au fil des épisodes, d’adolescente en octogénaire. Le maquillage est un art de l’illusion. Il ne peut pas tout.
