Les dirigeants chinois ont le goût du suspense. « Les mesures seront de taille assez importante cette fois-ci », a fait savoir, vendredi 25 octobre, le vice-ministre des finances chinois, Liao Min, en déplacement à Washington pour les réunions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Voilà des semaines que les autorités chinoises font comprendre qu’un plan de relance est en préparation. Si décision il y a, elle pourrait être entérinée par les législateurs du Parti communiste chinois, l’Assemblée nationale populaire, dont le comité permanent se réunira du 4 au 8 novembre. L’ampleur du plan est l’une des inconnues.
L’autre incertitude concerne les secteurs de l’économie que le pouvoir compte soutenir. Le ciblage des mesures sera un choix d’orientation politique majeur, un choix de société. Des mesures qui renforceraient l’Etat, ou les gouvernements locaux extrêmement endettés qu’il faut renflouer, accroîtraient encore la place de la puissance publique chinoise, tandis que des mesures amples de soutien à la consommation profiteraient aux ménages. Derrière, il s’agit de savoir quelle Chine le président Xi Jinping entend façonner. Depuis septembre, Pékin égraine des annonces de soutien économique. C’est le signe que quelque chose a changé dans la perception du risque économique. Jusque-là, le tout-puissant chef de l’Etat-Parti chinois, par qui passent nécessairement les décisions importantes, semblait plutôt prêt à assumer une dose de ralentissement de l’économie.
Après tout, il avait voulu dégonfler la bulle immobilière, quand bien même la chute de ce secteur a lourdement affecté les ménages, qui y plaçaient une bonne partie de leurs économies. Mais, au cœur de l’été, les prix de l’immobilier continuaient à baisser, et le chômage des jeunes passait de 13,2 % en juin à 17,1 % en juillet et 18,8 % en août. Il devenait de plus en plus clair que la Chine peinerait à atteindre son objectif d’une croissance d’environ 5 % cette année.
Le consommateur, grand absent du plan
Depuis septembre, M. Xi a donc appelé toutes les couches de l’administration à faire le nécessaire pour redresser la croissance. La banque centrale s’est mobilisée en baissant ses taux directeurs et a débloqué une ligne de crédit pour doper le marché boursier, après un plan de soutien à l’immobilier en mai, tandis que des émissions obligataires devaient permettre d’aider les provinces et villes exsangues.
Dans cette liste de mesures restait jusqu’à présent un absent majeur : le consommateur. Xi Jinping répète régulièrement qu’il considère la science et la technologie comme la « colonne vertébrale » de l’avancement de la Chine, face notamment aux Etats-Unis. Il insiste également sur la production industrielle, surtout les secteurs d’avenir – nouvelles énergies, batteries, semi-conducteurs –, et souligne aussi l’importance du service public.
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