
La Chambre américaine des représentants a voté mardi 18 novembre à la quasi-unanimité en faveur de la publication du dossier d’enquête des autorités sur le criminel sexuel Jeffrey Epstein, malgré les pressions de Donald Trump sur sa majorité pour ne pas organiser ce vote.
Face aux défections dans son camp, le président avait fait volte-face dimanche et déclaré soutenir cette proposition de loi qui se dirige à présent vers le Sénat, sans certitude cependant qu’un vote y soit organisé par le chef de la majorité, républicaine.
Le projet de loi bipartisan vise à contraindre le ministère de la justice à publier tous les dossiers relatifs au délinquant sexuel : un revirement spectaculaire après des mois de luttes intestines au sein du Parti républicain. La Chambre a voté à 427 voix contre 1 en faveur de la mesure, le représentant républicain de Louisiane Clay Higgins étant le seul membre à s’y être opposé.
Le texte sera désormais soumis au Sénat, où les dirigeants républicains doivent rapidement décider s’ils le transmettront à la signature de Donald Trump. Une telle décision exposerait cependant le camp présidentiel, et la Maison Blanche en particulier, à des critiques renouvelées sur sa gestion du dossier Epstein. Le président est accusé d’essayer de dissimuler des éléments l’impliquant dans cette affaire en bloquant ce vote, ce que l’intéressé a démenti.
« Je n’ai rien à voir avec Jeffrey Epstein »
« Nous n’avons rien à cacher », avait lancé Donald Trump dimanche, qui s’était insurgé à nouveau contre ce qu’il considère comme un « canular » monté par l’opposition démocrate. Le président américain n’a cependant pas expliqué pourquoi il n’ordonnait pas à sa ministre de la justice de publier directement ces documents, sans passer par un vote au Congrès. « Je n’ai rien à voir avec Jeffrey Epstein », a-t-il réitéré mardi, en assurant l’avoir viré de Mar-a-Lago, son luxueux club en Floride, parce que c’était « un pervers malade ».
Jeffrey Epstein avait été proche du milliardaire à partir de la fin des années 1980, quand les deux hommes d’affaires étaient des figures de la jet-set new-yorkaise, avant qu’ils ne se brouillent au début des années 2000.
Le changement de position du président s’est fait après que l’un des auteurs de la proposition de loi, l’élu républicain Thomas Massie, a affirmé dimanche s’attendre à ce que « 100 ou plus » de ses collègues de la majorité se joignent à lui en faveur de ce texte.
Lors d’une conférence de presse devant le Capitole, en amont du vote attendu dans l’après-midi, plusieurs victimes de Jeffrey Epstein ont pris la parole, souvent avec émotion, pour appeler le Congrès à adopter le texte.
L’affaire relancée par la publication d’e-mails d’Epstein
Après avoir promis à ses partisans durant sa campagne des révélations fracassantes, Donald Trump fait tout pour éteindre la polémique depuis son retour au pouvoir, ce qui provoque la colère jusque dans son mouvement MAGA.
L’affaire avait été relancée la semaine dernière par la publication d’e-mails du financier new-yorkais, au carnet d’adresses particulièrement bien rempli. Dans des messages dévoilés par des parlementaires démocrates, Jeffrey Epstein affirme que Donald Trump « savait à propos des filles » agressées sexuellement et qu’il avait même « passé plusieurs heures » avec l’une d’elles.
Le président américain, qui n’a jamais été inquiété par la justice dans cette affaire, a toutefois assuré ne rien savoir de cela. Il a également contre-attaqué en réclamant une enquête sur la relation entre Jeffrey Epstein et certaines personnalités démocrates dont Bill Clinton.
L’élue républicaine Marjorie Taylor Greene, à qui Donald Trump a publiquement retiré son soutien au cours du week-end en raison de son appui à la proposition de loi, a exprimé son scepticisme mardi, aux côtés de victimes de Jeffrey Epstein, eu égard à ces enquêtes.
En effet, tant que celles-ci sont en cours, certains documents pourraient légalement ne pas être publiés. Selon Marjorie Taylor Greene, après les votes au Congrès, « le vrai test sera : est-ce que le ministère de la justice publiera les documents ? Ou est-ce qu’ils resteront ligotés par ces enquêtes ? ».



















