La bande de Gaza, ravagée par les bombes et la faim, bascule dans l’anarchie

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Le docteur Saïd Joudah était retraité, mais il continuait d’opérer sans relâche dans l’extrême nord de Gaza, assiégé par l’armée israélienne depuis plus de deux mois. Il était le dernier chirurgien orthopédiste dans la zone. Le 12 décembre, il a été tué alors qu’il quittait l’hôpital Kamal-Adwan pour aller prêter main-forte à celui d’Al-Awda. Le ministère de la santé local affirme qu’il « a été visé par un quadricoptère [drone à quatre rotors] » israélien. Un autre soignant, Karim Jaradat, a été tué le même jour alors qu’il se dirigeait vers l’hôpital Kamal-Adwan.

Un mois plus tôt, crâne rasé et front sillonné de rides, le docteur Joudah avait été filmé intimant le silence autour de lui, le visage crispé de douleur, alors qu’il constatait la mort de son neveu, qui venait d’être acheminé à l’hôpital. Lui-même avait été blessé aux jambes, à l’avant-bras et au visage, le 22 novembre, par un drone de reconnaissance israélien devant l’hôpital Kamal-Adwan. Quelques jours plus tard, début décembre, il avait perdu son fils, Majd, âgé de 22 ans.

L’hôpital Kamal-Adwan, qui accueille 90 patients et une soixantaine de soignants, a été visé par des tirs, des bombardements et des obus à quatre reprises, entre le 3 et le 7 décembre, tuant quatre médecins, un garçon de 16 ans, qui était sur une chaise roulante, et deux autres personnes. Le 6 décembre, 33 personnes ont été tuées autour de l’établissement, rapportait, sur X, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. Une vidéo montre une ambulance essuyant des tirs nourris ce jour-là, juste devant l’hôpital.

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