La baisse du remboursement de certains médicaments par la « Sécu », un choc pour toute la chaîne de la santé

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Mammographie d’une patiente à l’institut de cancérologie de Lorraine-Alexis Vautrin, à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 4 octobre 2023.

L’annonce était inattendue. A l’occasion de l’ouverture des discussions du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 au Sénat, la ministre de la santé, Geneviève Darrieussecq, a indiqué, mardi 19 novembre, que les taux de remboursement des médicaments par l’Assurance-maladie allaient évoluer. A partir de 2025, ces derniers seront abaissés de 5 %, exception faite des médicaments pris en charge à 100 %, qui échapperont au coup de rabot.

Face à l’aggravation du déficit de la Sécurité sociale, attendu, en 2024, à 18 milliards d’euros (contre 10,5 milliards prévus initialement), le gouvernement cherche des mesures d’économies afin de freiner l’envolée des dépenses. L’annonce d’une hausse du ticket modérateur sur les médicaments, cette somme restant à la charge du patient après le remboursement par l’Assurance-maladie, et qui, dans la plupart des cas, est couverte par les complémentaires santé, a toutefois surpris.

Certes, depuis plusieurs semaines, l’exécutif réfléchissait à actionner ce levier. Mais la hausse du ticket modérateur n’était évoquée que dans le cadre de la consultation médicale. Cette dernière est aujourd’hui remboursée à hauteur de 70 % par l’Assurance-maladie ; il était au départ projeté de réduire son niveau de prise en charge à 60 %. Face à la levée de boucliers, la ministre de la santé a finalement opté pour un compromis : le ticket modérateur de la consultation médicale, « qui devait augmenter de 10 %, n’évoluera que de 5 % », a précisé, lundi, Geneviève Darrieussecq. L’entrée en vigueur de cette mesure, qui fera l’objet d’un arrêté ministériel, est prévue au « printemps 2025 », détaille-t-on au ministère.

En contrepartie, la prise en charge des médicaments sera également révisée. Les taux de remboursement existants de 15 %, 30 % et 65 %, définis en fonction du service médical rendu du traitement (faible, modéré, et important ou majeur), un critère évalué par les autorités de santé lors de la mise sur le marché d’un médicament, et qui n’avaient pas bougé depuis 2011, passeront ainsi, au cours de l’année 2025, à 10 %, 25 % et 60 %. En revanche, « les médicaments qui sont aujourd’hui pris en charge à 100 % resteront remboursés à 100 % », assure le ministère.

Ces médicaments intégralement pris en charge par l’Assurance-maladie concernent notamment des traitements jugés irremplaçables et coûteux, à l’instar, par exemple, de l’Eylea, destiné à soigner la dégénérescence maculaire liée à l’âge, une maladie qui touche plus de 8 % de la population française, de certains anticancéreux comme l’Erleada, prescrit contre le cancer de la prostate, l’Ibrance (cancer du sein) ou encore de médicaments pour des maladies rares. En 2022, ces produits de santé remboursés à 100 %, qui incluent aussi les médicaments délivrés aux patients en affection de longue durée (environ 13 millions de personnes), représentaient 31 % des dépenses de médicaments de l’Assurance-maladie.

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