L’atmosphère a changé dans les études notariales. Elodie Frémont, porte-parole des notaires du Grand Paris, en témoigne en présentant jeudi 7 septembre l’activité trimestrielle du marché immobilier francilien.
« Les rendez-vous se réalisent dans un climat tendu : les négociations durent bien plus d’un mois, on voit des rétractations, les obtentions d’offres de crédit sont laborieuses et tous se retrouvent, le jour de la signature, sous tension », observe-t-elle, avant d’ajouter : « On sent que la vente a été dictée par une contrainte extérieure ».
Aucun propriétaire n’est en effet pressé de vendre son bien dans un marché immobilier en baisse. Pour les notaires franciliens, « les ventes réalisées correspondent souvent à des divorces, successions, changements professionnels ou familiaux ». « Et on sent bien dans nos études que nous avons moins de travail », complète Olivier Clermont, notaire à Paris.
Contexte attentiste
Dans ce contexte attentiste, les volumes de ventes en Ile-de-France se sont effondrés d’un quart au deuxième trimestre 2023, par rapport à la même période de 2022 (– 23 % dans Paris). Pour la profession, « le marché immobilier se trouve toujours privé de son principal moteur, car le resserrement monétaire se prolonge avec une double problématique : un accès très difficile au financement et des taux de crédit à l’habitat au plus haut » depuis de longues années.
La Banque centrale européenne a en effet effectué depuis le mois de juillet 2022 la hausse de taux d’intérêt la plus rapide de son histoire, après plus d’une décennie d’argent à coût extrêmement faible, et ce afin de contrer la forte inflation installée depuis le début de la guerre en Ukraine. Les banques répercutant ces hausses, le taux moyen des crédits immobiliers a presque quadruplé, passant de 1 % en décembre 2021 à 3,8 % en août 2023, selon l’Observatoire crédit logement CSA.
Les notaires du Grand Paris ont calculé ce que représentait une telle augmentation pour les ménages lancés dans un projet d’accession à la propriété. D’après leurs simulations, prenant en compte les prix des logements et les taux de crédit attendus en octobre 2023, « la mensualité serait supérieure de 22 % pour les appartements et de 26 % pour la maison, par rapport à la situation observée début 2022 ».
Effort supplémentaire au détriment des moins aisés
Cet effort financier supplémentaire à consentir a bien entendu des conséquences sur le profil des acheteurs, au détriment des moins aisés. « Les ménages artisans, chefs d’entreprise et cadres (CSP +) sont à l’origine de 51 % des acquisitions d’appartements anciens en Ile-de-France au 2e trimestre 2023, contre 46 % un an auparavant. Pour les maisons, ils représentent désormais 43 % des acquéreurs au 2e trimestre 2023 contre 37 % au 2e trimestre 2022 », indique le communiqué des notaires franciliens.
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