L’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023 en Israël, et les événements qui l’ont suivie ont affaibli l’« axe de la résistance », dont l’architecture avait patiemment été construite pendant vingt ans. Les groupes armés réunis sous le parapluie de Téhéran, au Liban, en Irak, en Syrie, au Yémen, en plus du Hamas à Gaza, devaient enserrer Israël, dans une forme de guerre d’usure régionale. Mais le 7-Octobre a modifié toutes les règles. En plus de la guerre menée à Gaza, l’Etat hébreu s’est trouvé engagé contre l’ensemble de cet « axe ».
Le Hezbollah, dont les stocks de missiles et de roquettes devaient constituer la « force de dissuasion » de Téhéran vis-à-vis d’Israël, a commis l’erreur d’ouvrir un « front de soutien » au Hamas à la frontière libanaise. Lors de cette guerre ouverte, une partie importante de l’arsenal du Parti de Dieu a été réduite en cendres. En outre, des opérations aériennes ont également détruit ses installations et ses stocks en Syrie. Si le Hezbollah constituait la pièce maîtresse du dispositif de Téhéran, la Syrie en était la plateforme logistique cruciale et lui servait de corridor entre son territoire et le Liban, puis vers Israël. Cette « autoroute » est désormais coupée. Parallèlement, au Yémen, les houthistes semblent manifester une volonté de s’affranchir de la tutelle de Téhéran, tout comme les milices chiites en Irak.
« La chute de Bachar Al-Assad marque la fin de l’“axe de la résistance”, du moins dans sa forme connue, celle d’une structure regroupant des acteurs étatiques et non étatiques partageant l’objectif de l’unité des fronts », analyse Hamidreza Azizi, chercheur à l’institut Stiftung Wissenschaft und Politik, à Berlin. Ali Vaez, spécialiste de l’Iran au sein de l’International Crisis Group, ajoute : « Le Guide suprême iranien [Ali Khamenei] est le grand perdant de l’ère post-7-Octobre. Les dirigeants iraniens semblent paralysés, réagissant uniquement de manière défensive. »
Vendredi 6 décembre, deux jours avant la chute de Bachar Al-Assad, Ali Larijani, conseiller principal du Guide suprême, s’est rendu à Damas pour y rencontrer le président syrien et discuter des « moyens de rétablir la stabilité dans la région », affirme le député Yaghoub Rezazadeh. Cette visite visait à faire la démonstration d’un contrôle de la situation, alors que celle-ci était déjà perdue.
Ambassade iranienne à Damas mise à sac
Dimanche soir, Abbas Araghtchi, le ministre des affaires étrangères iranien, a tenté de justifier la débâcle syrienne en affirmant que lors de leur dernière entrevue à Damas, Bachar Al-Assad s’était plaint de l’inefficacité de l’armée syrienne, avant d’ajouter : « Nous n’avons jamais eu vocation à remplacer l’armée syrienne dans le cadre de sa confrontation avec ses opposants. Notre présence militaire en Syrie visait uniquement à combattre l’Etat islamique. » Abbas Araghtchi a également précisé que l’Iran avait conseillé à plusieurs reprises à Bachar Al-Assad de négocier avec l’opposition, mais que ce dernier s’y était refusé. Les forces iraniennes des gardiens de la révolution se sont précipitamment retirées de Syrie peu de temps avant la chute de Damas.
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