Kaïs Saïed, l’allié embarrassant de la politique migratoire européenne, prêt à sa réélection

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Le président tunisien Kaïs Saïed en compagnie de la première ministre italienne Giorgia Meloni à Tunis, le 17 avril 2024.

Quelques planches de bois éparpillées sur le sol et des bâches déchirées : il ne reste plus grand-chose de la cabane qui servait d’abri de fortune à Ibrahim (un prénom d’emprunt) et ses proches. Le camp de migrants, comme il en existe de nombreux dans les environs de la bourgade d’El-Amra sur le littoral de l’est de la Tunisie, où ce Sierra-Léonais de 29 ans s’est installé depuis environ dix mois, a été balayé au cours du mois de septembre par de fortes pluies.

Les quelques centaines d’hommes, de femmes et d’enfants originaires de plusieurs pays d’Afrique anglophone, qui vivaient déjà dans des conditions d’insalubrité, sans eau courante, sans électricité et sans sanitaires, ont presque tout perdu. Ils n’ont même plus de quoi manger. « Quelques Tunisiens ont de l’empathie et nous donnent un peu de nourriture, mais c’est très rare, déplore Ibrahim. Notre vie est misérable ici. »

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La terre est encore humide en ce jour de la mi-septembre. Il n’y a, à l’horizon, que des oliviers. A l’est, une vaste plage s’ouvre sur la mer et l’espoir qu’elle représente. « Nous voulons juste partir ! Nous ne sommes pas venus pour nous installer ici mais pour rejoindre l’Italie », soutient Ibrahim. Mais la forte présence policière, sur terre comme en mer, complique cette échappée vers l’Europe.

Les corridors migratoires, qui sillonnent le continent africain et convergent vers l’île italienne de Lampedusa, située à seulement une centaine de kilomètres, butent désormais sur le dispositif sécuritaire mis en place grâce à un accord signé le 16 juillet 2023 entre le président Kaïs Saïed et ses partenaires européens. Depuis début 2024, les arrivées en Italie en provenance de la Tunisie ont chuté de 82 % selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Un « régime unipersonnel »

Alors que M. Saïed apparaît comme le grand favori du scrutin présidentiel prévu le 6 octobre, au cours duquel seuls deux candidats – dont l’un est emprisonné – lui seront opposés, l’Union européenne (UE) peine à adopter une position claire face au glissement autoritaire du chef de l’Etat tunisien.

Dans une note diffusée le 7 juillet aux vingt-sept ministres des affaires étrangères, que Le Monde s’est procurée, le service diplomatique européen s’inquiète, entre autres, d’une « nette détérioration du climat politique et un espace civique qui se rétrécit » avec près de « trente politiciens, activistes, journalistes, avocats et hommes d’affaires arrêtés », d’un « régime unipersonnel avec un système politique présidentiel hautement centralisé » et du « traitement des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés [qui] suscite une préoccupation croissante ».

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