

Les psychologues et les pédiatres le disent, laisser les enfants s’ennuyer est important pour leur développement et leur créativité. Chez le singe capucin, l’ennui serait également facteur de créativité. Pour étudier de près ces petits singes, des chercheurs de l’institut Max-Planck du comportement animal (Bade-Wurtemberg) ont truffé de 86 caméras et appareils photo la forêt de l’île de Jicarón appartenant au parc national de Coiba, face à la côte Pacifique du Panama. L’objectif est notamment de mieux comprendre l’usage de pierres comme outils et son apprentissage au sein de cette colonie de capucins, leur pratique étant plus élaborée que celle observée chez leurs congénères du continent.
C’est en travaillant sur ces images qu’une étudiante en thèse, Zoë Goldsborough, a été surprise par une scène incongrue : un jeune mâle capucin portait sur son dos un bébé d’une autre espèce, un singe hurleur (Alouatta palliata coibensis). Un comportement qu’aucun primatologue n’avait observé à ce jour chez une quelconque espèce.
L’examen fastidieux de dix-huit mois d’enregistrements réalisés entre janvier 2022 et juillet 2023 va mettre au jour un scénario étonnant et précis, relaté dans une étude publiée par Current Biology. Tout commence le 26 janvier 2022, lorsqu’un capucin à tête blanche (Cebus capucinus imitator) se promène, on ne sait pas pourquoi, en portant un bébé hurleur. Au cours des quatre mois suivants, ce même mâle juvénile est vu de nombreuses fois en pareille compagnie insolite. Il va ainsi porter quatre bébés hurleurs différents pendant des durées allant d’un à neuf jours. Toujours sans raison apparente.
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