L’équipe de campagne de Mahamudu Bawumia, candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP) et actuel vice-président du Ghana, avait convoqué une simple conférence de presse, dimanche 8 décembre à 9 heures, sans autre motif. Alors qu’aucun résultat officiel, national ou même local, n’avait encore été publié par la commission électorale sur les élections générales tenues la veille, M. Bawumia a sobrement déclaré depuis son domicile : « D’après les données issues de nos propres compilations des résultats, l’ancien président, son excellence John Dramani Mahama, a remporté l’élection de manière incontestable. »
La précédente présidentielle, en 2020, avait été contestée par le vainqueur du jour, John Dramani Mahama, la campagne pour les scrutins législatifs et présidentiel disputée. Dès lors, l’annonce a pris de court la plupart des observateurs politiques même si le résultat semblait attendu. « Reconnaître sa défaite aussi tôt dans le processus électoral, c’est du jamais vu dans l’histoire de la IVe République ghanéenne, explique Kobby Mensah, politologue à la Ghana Business School. Nous avons un système politique très concurrentiel. Généralement, nous nous attendons à une certaine forme de contestation de la part du camp perdant. »
Vainqueur non officiel de la présidentielle, John Dramani Mahama, 66 ans, candidat du Congrès démocratique national (NDC) n’avait toujours pas pris la parole, dimanche soir. Dans son entourage, certains avançaient que celui qui signe son retour aux affaires près de huit ans après avoir quitté la présidence ne parlera qu’une fois les résultats officiels publiés par la commission électorale. Ils devraient l’être au plus tard mercredi.
La célérité avec laquelle le candidat perdant a reconnu sa défaite est une victoire pour la démocratie ghanéenne mais elle est aussi une pierre jetée dans le jardin de l’institution chargée de l’organisation des élections, juge Chris Adatika, chercheur en sciences politiques à l’Université du Ghana. « Quand vous avez des partis qui, après avoir compilé leurs données, annoncent eux-mêmes, non pas leur victoire, mais leur défaite, cela montre l’inefficacité de la commission électorale dans sa lenteur pour consolider les résultats », dit-il.
« Préserver la paix de notre pays »
Cet épisode témoigne toutefois d’une réelle « maturité démocratique du Ghana », ajoute le chercheur, saluant en premier lieu les votants : « Notre démocratie grandit d’année en année. Les politiques comprennent que les électeurs font preuve de plus en plus de discernement quant au processus électoral dans son ensemble. »
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