Joe Biden bloque le rachat du grand nom de l’acier américain US Steel par l’entreprise japonaise Nippon Steel

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Vue générale de l’extérieur de la cokerie US Steel Clairton, le 20 mars 2024 à Clairton, en Pennsylvanie.

Le projet de fusion agite depuis des mois les sphères économiques et politiques au Japon comme aux Etats-Unis. Joe Biden a annoncé vendredi 3 janvier dans un communiqué qu’il bloquait le rachat prévu du grand nom de l’acier américain US Steel par le géant japonais Nippon Steel au nom des intérêts économiques et sécuritaires du pays.

Cette fusion « placerait l’un des plus grands producteurs américains d’acier sous contrôle étranger et poserait des risques pour notre sécurité nationale et nos chaînes d’approvisionnement essentielles », a justifié le président américain sortant dans le communiqué. Il doit céder le pouvoir le 20 janvier au républicain Donald Trump, lequel avait également assuré qu’il empêcherait cette prise de contrôle amicale, annoncée en décembre 2023.

Les Etats-Unis sont le premier importateur mondial d’acier, un secteur dominé, de manière écrasante, par la Chine. « Je n’hésiterai jamais à agir pour protéger la sécurité de ce pays et son infrastructure », a insisté le démocrate de 82 ans, que ses conseillers avaient mis en garde contre les possibles conséquences diplomatiques de ce blocage, selon la presse américaine.

Dans un communiqué, le syndicat des métallurgistes USW s’est dit « reconnaissant » de la décision du président américain de « maintenir une industrie de l’acier forte dans le pays ». Il a également appelé la direction de US Steel à « prendre les décisions nécessaires pour développer l’entreprise et la garder rentable ».

Nippon Steel se dit « consterné »

De son côté, Nippon Steel a vivement réagi, dénonçant une « violation manifeste de l’application régulière de la loi ». « Nous sommes consternés par la décision du président Biden, qui reflète une violation manifeste de l’application régulière de la loi. Au lieu de l’appliquer, le processus a été manipulé afin de pousser l’agenda politique du président Biden », a déclaré le groupe dans un communiqué, estimant que le président américain « ne présente aucune preuve crédible de risque pour la sécurité nationale ».

Les marchés ont, eux, réagi négativement à l’annonce de la Maison Blanche, le titre US Steel chutant lourdement de 7,92 % à 30,02 dollars à l’ouverture de Wall Street. Interrogées par l’Agence France-Presse (AFP), aucune des deux entreprises n’avaient encore réagi.

Joe Biden, grand chantre de la réindustrialisation américaine, s’est aussi attaché depuis quatre ans à relancer les alliances internationales des Etats-Unis, en particulier en Asie. Il a mené une diplomatie particulièrement active avec le Japon, vu comme un allié stratégique dans la région. Mais il a donc choisi, dans ce dossier de l’acier, de faire passer les considérations domestiques au premier rang.

Selon le Washington Post, Joe Biden a décidé de bloquer cet accord d’un montant de 14,9 milliards de dollars (14,47 milliards d’euros), malgré les efforts déployés ces derniers jours par certains de ses principaux conseillers, qui l’ont averti que le rejet d’un investissement important de la part d’une entreprise japonaise majeure pourrait nuire aux relations entre Washington et Tokyo.

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Un panel chargé d’évaluer les conséquences de l’éventuel rachat sur la sécurité nationale des Etats-Unis avait refusé de se prononcer fin décembre, renvoyant la question au président américain sortant, qui disposait de quinze jours pour se prononcer.

Au cœur de la campagne présidentielle

Joe Biden, tout comme le président élu républicain Donald Trump, a déjà fait part à maintes reprises de son opposition à ce mariage de près de 15 milliards de dollars. M. Biden estime que l’industrie sidérurgique revêt un caractère stratégique pour les Etats-Unis, qui sont le premier importateur mondial d’acier.

L’opération s’est retrouvée au cœur de la campagne présidentielle américaine de 2024, car elle concerne au premier chef la Pennsylvanie, un Etat stratégique sur le plan électoral, qui est aussi le berceau de l’aciérie aux Etats-Unis.

Le syndicat des métallurgistes américains s’est vigoureusement opposé à la fusion, que Nippon Steel a décrite au contraire comme une véritable bouée de sauvetage pour un secteur industriel en difficulté et très affaibli en Pennsylvanie. Le géant japonais de la sidérurgie et US Steel ont promis de poursuivre le gouvernement en justice, affirmant qu’il n’avait pas respecté les procédures appropriées lors de l’examen de l’acquisition.

Le Monde avec AFP

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