Israël reste sourd à l’appel international à un cessez-le-feu au Liban

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Des militaires verrouillent le site après une frappe israélienne qui aurait fait au moins deux morts et 15 blessés dans la banlieue sud de Beyrouth, à Dahieh, au Liban, le 26 septembre 2024.

Pour la quatrième journée consécutive, l’armée israélienne a mené, jeudi 26 septembre, des dizaines de frappes sur le Liban, visant le Hezbollah. Selon le ministère de la santé libanais, ces raids ont fait 92 morts et 153 blessés dans le pays. L’Etat hébreu a rejeté un appel international à une trêve au pays du Cèdre.

L’armée israélienne a par ailleurs annoncé avoir intercepté un missile tiré dans la nuit de jeudi à vendredi depuis le Yémen, en ajoutant que « des sirènes et des explosions ont été entendues à la suite de [son] interception et de la chute d’éclats d’obus ».

Pour la journée de jeudi, Israël a dit avoir attaqué 75 objectifs militaires du Hezbollah dans le sud et l’est du Liban. L’Etat hébreu a affirmé en soirée mener de nouvelles frappes contre la formation pro-iranienne dans le sud du pays. L’armée israélienne a fait état de dizaines de « projectiles » tirés jeudi depuis le Liban vers Israël, le Hezbollah disant de son côté avoir tiré une centaine de roquettes sur les villes de Safed et de Haïfa dans le nord de l’Etat hébreu.

L’armée israélienne a aussi annoncé, jeudi, des « frappes précises » sur Beyrouth, affirmant avoir tué le chef de l’unité de drones du Hezbollah, Mohammed Srour. Le mouvement chiite a confirmé sa mort dans la soirée.

Macron pointe du doigt Nétanyahou

Ces frappes surviennent au lendemain d’un appel lancé par la France et les Etats-Unis, rejoints par des pays arabes et occidentaux, à un « cessez-le-feu immédiat de vingt et un jours » pour « donner une chance à la diplomatie », une demande réitérée jeudi à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU par le premier ministre britannique, Keir Starmer.

Mais le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a assuré que l’armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah « avec toute la force nécessaire ». Son ministre des affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé qu’il continuerait « jusqu’à la victoire » et qu’il n’y aurait « pas de cessez-le-feu dans le Nord ».

Deux ministres d’extrême droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, ont également rejeté l’idée d’un cessez-le-feu. « La campagne au Nord ne doit se terminer que d’une seule façon : l’écrasement du Hezbollah », selon M. Smotrich. M. Ben Gvir a menacé, lui, de boycotter les travaux du gouvernement si un cessez-le-feu temporaire était conclu au Liban.

Washington a assuré que l’appel à une trêve avait été lancé « en coordination » avec Israël. Le président français, Emmanuel Macron, a estimé que ce serait « une faute » de la part de M. Nétanyahou de refuser le cessez-le-feu proposé et que le premier ministre israélien prendrait la « responsabilité » d’une escalade régionale, en le rejetant. M. Macron a assuré que la proposition avait été « préparée, négociée avec le premier ministre [israélien] et ses équipes, à la fois par les Américains et par nous-mêmes ».

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Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a rencontré Ron Dermer, ministre des affaires stratégiques israélien, pour un entretien sur cette proposition internationale de cessez-le-feu. « Il a souligné à nouveau qu’une escalade rendra plus difficile le retour chez eux des citoyens israéliens et libanais », a dit son porte-parole, Matthew Miller, sur X. Le ministre de la défense américain, Lloyd Austin, a lui aussi mis en garde contre une « guerre totale » qui « serait dévastatrice pour Israël et le Liban », estimant qu’un cessez-le-feu pourrait permettre de conclure également un accord de trêve à Gaza.

En parallèle, le ministère de la défense israélien a néanmoins annoncé un nouveau train d’aide militaire américaine, d’une valeur de 8,7 milliards de dollars (7,8 milliards d’euros) « en soutien à l’effort militaire en cours d’Israël ».

Plus de 1 500 morts au Liban en près d’un an

Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne, le 20 septembre, sur la banlieue sud de Beyrouth qui a décapité l’unité d’élite du mouvement chiite. En près d’un an, ces violences ont causé la mort de 1 540 personnes au pays du Cèdre, ont annoncé, jeudi, les autorités libanaises. Selon le gouvernement israélien, 9 360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d’un an.

Depuis lundi, l’armée israélienne a affirmé avoir frappé « plus de 2 000 cibles » du Hezbollah. Ces bombardements, qui ont fait plus de 700 morts, dont de nombreux civils, ont jeté plus de 90 000 personnes sur les routes au Liban, selon l’ONU. Plus de 31 000 d’entre elles sont entrées en Syrie, selon Beyrouth.

Pendant ce temps, Israël poursuit aussi son offensive dans la bande de Gaza où la défense civile a annoncé, jeudi, la mort de quinze personnes dans une frappe israélienne contre une école accueillant des déplacés dans le camp de Jabaliya, au nord de l’enclave palestinienne.

Le Monde avec AFP

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