Alors que le Parlement israélien, la Knesset, vient d’entamer sa session d’hiver, un projet de loi visant à mettre fin aux activités de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) pourrait être soumis au vote des députés, lundi 28 octobre, dans la soirée. Cette agence des Nations unies, créée en 1949, emploie 33 000 personnes, dont 13 000 à Gaza, où elle constitue la colonne vertébrale de l’aide humanitaire dans l’enclave livrée au chaos de la guerre et à la destruction de toutes les infrastructures. L’agence gère aussi, en Cisjordanie occupée, des écoles et des centres de santé.
Israël entretient de longue date des rapports exécrables avec l’agence onusienne. Depuis le 7 octobre 2023, ces relations se sont encore détériorées, alors que le gouvernement israélien a accusé douze des employés de l’UNRWA d’avoir pris part aux massacres conduits par le Hamas.
Les ministres des affaires étrangères de sept pays (Canada, Allemagne, Australie, France, Japon, Corée, Royaume-Uni) ont exprimé, dimanche, leur « profonde inquiétude » au sujet d’un projet de loi qui prévoit de « révoquer les privilèges et les immunités de l’UNRWA sur le territoire d’Israël », ainsi que de proscrire « tout contact » entre l’Etat hébreu et l’agence des Nations unies ; cela aurait pour effet de mettre fin à la délivrance de visas aux employés de l’ONU concernés ou d’empêcher le transit des marchandises vers Gaza ou la Cisjordanie, condamnant de fait leurs activités.
Pression des Etats-Unis
Ce projet de loi est déjà passé en commission des affaires étrangères et de la défense, avec d’autres textes sur le même thème. L’un d’eux prévoit de classer « organisation terroriste » l’agence des Nations unies. Un autre vise à mettre un terme à la présence de l’UNRWA dans la partie orientale de Jérusalem. On ne savait pas, lundi matin, lequel de ces textes pourrait être soumis aux députés, si tant est que le vote soit maintenu.
Ces dernières semaines, avec insistance, les Etats-Unis ont appelé Israël à faire marche arrière sur les restrictions imposées à l’aide humanitaire dans Gaza, et demandé de ne pas s’en prendre à l’UNRWA. Plusieurs sources diplomatiques et onusiennes estiment que ces pressions ont une chance de différer le passage de la loi au Parlement, sans remettre en question la volonté israélienne de franchir ce pas. La loi a disparu du programme de la Knesset quelques jours avant l’examen programmé de celle-ci. Mais une source officielle israélienne insistait néanmoins, dimanche, sur le fait que le projet serait bien présenté « lundi soir ». Si cela devait être le cas, le texte a toutes les chances d’être approuvé : le rejet de l’UNRWA dépasse le cadre de la coalition gouvernementale du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et inclut un grand nombre de responsables de l’opposition.