Israël bombarde intensément la bande de Gaza, les secours palestiniens font état de cent morts

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Une femme en deuil lors des funérailles de Palestiniens tués par des frappes israéliennes, à Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza, le 16 mai 2025.

Cent Palestiniens ont été tués, vendredi 16 mai, dans d’intenses bombardements israéliens dans la bande de Gaza, a rapporté la défense civile palestinienne. Dans la nuit de vendredi 16 à samedi 17 mai, l’armée israélienne a annoncé le début de l’intensification de son offensive sur le territoire palestinien ravagé par la guerre.

« Au cours de la journée, l’armée israélienne a lancé des frappes d’envergure et transféré des forces pour prendre le contrôle de zones de la bande de Gaza. Cela s’inscrit dans le cadre des étapes initiales de l’opération “Chariots de Gideon” et de l’expansion de l’offensive dans la bande de Gaza, dans le but d’atteindre tous les objectifs de la guerre, y compris la libération des otages et la défaite du Hamas », a déclaré l’armée sur les réseaux sociaux.

Au terme de sa tournée dans le Golfe, le président américain, Donald Trump, allié d’Israël, avait déclaré, vendredi : « Nous nous intéressons à Gaza. Et nous allons faire en sorte que cela soit réglé. Beaucoup de gens sont affamés. » Le mouvement islamiste palestinien Hamas, dont l’attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023 a déclenché l’offensive actuelle, a ensuite appelé les Etats-Unis à faire pression sur le gouvernement de Benyamin Nétanyahou pour laisser entrer l’aide humanitaire à Gaza, bloquée depuis le 2 mars.

Taher Al-Nounou, haut responsable du mouvement islamiste, a déclaré que le groupe « attendait et espérait que l’administration américaine exerce une pression supplémentaire » sur Israël « pour qu’il ouvre les points de passage et permette l’entrée immédiate de l’aide humanitaire ».

« La fin du monde »

Vendredi, Oum Mohammed Al-Tatari, 57 ans, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) qu’elle avait été réveillée par une attaque avant l’aube à Gaza. « Nous dormions quand soudain tout a explosé autour de nous, a-t-elle raconté. Tout le monde s’est mis à courir. Nous avons vu la destruction de nos propres yeux. Il y avait du sang partout, des morceaux de corps et des cadavres. »

Dans un hôpital de Beit Lahya, des images de l’AFP montrent des habitants, dont des enfants ayant perdu leur mère, se lamenter sur le corps de leurs proches, et des blessés soignés à même le sol au milieu des cris et des pleurs.

A Beit Lahya, Saïd Hamouda affirme que les bombardements « ont ciblé des habitations où des civils dormaient. Les enfants hurlaient, les portes ont été soufflées. Une scène indescriptible, comme si c’était la fin du monde ». « Ceux qui ne meurent pas dans les bombardements mourront de faim », se lamente Khalil Al-Tatar, un autre habitant.

Un « nettoyage ethnique » selon Volker Türk

Pour le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, qui s’est exprimé vendredi, avant l’annonce de l’armée israélienne dans la nuit, « cette dernière vague de bombes obligeant les gens à se déplacer sous la menace d’attaques encore plus intenses, la destruction méthodique de quartiers entiers et le refus de l’aide humanitaire soulignent qu’il semble y avoir une poussée pour un changement démographique permanent à Gaza qui (…) équivaut à un nettoyage ethnique ».

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M. Nétanyahou, pour qui seule une pression militaire accrue poussera le Hamas à libérer les otages, avait annoncé, lundi, une intensification de l’offensive dans la bande de Gaza pour « vaincre » le Hamas, qui a pris le pouvoir dans le territoire palestinien en 2007. Israël affirme qu’il n’y a pas de crise humanitaire dans l’enclave et accuse le Hamas de voler les aides internationales.

Sept pays européens – l’Irlande, l’Islande, la Slovénie, l’Espagne, Malte, le Luxembourg et la Norvège – ont publié, vendredi, une déclaration commune condamnant ce qu’ils appellent « la catastrophe humanitaire provoquée par l’homme » et appelant Israël à mettre fin aux opérations militaires et à lever le blocus. Le Hamas a déclaré « apprécier hautement la position humanitaire et courageuse » adoptée par ces sept pays, dont cinq ont reconnu un Etat palestinien.

Action attendue d’une ONG

La Fondation humanitaire de Gaza, une ONG soutenue par les Etats-Unis, a déclaré, cette semaine, qu’elle commencerait à distribuer de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne au cours du mois de mai, après s’être entretenue avec des responsables israéliens. Toutefois, les Nations unies ont exclu, jeudi, toute participation à cette initiative, invoquant des problèmes d’« impartialité, de neutralité [et] d’indépendance ».

Après une trêve de deux mois, l’armée israélienne a repris, le 18 mars, son offensive dans la bande de Gaza et s’est emparée de larges pans du territoire. Le gouvernement israélien a annoncé début mai un plan pour la « conquête » de l’enclave, qu’Israël avait occupée de 1967 à 2005.

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Le Monde avec AFP

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