« Il faut sauver la loi européenne sur la déforestation importée, pour préserver une part de notre avenir »

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Le Parlement européen doit se prononcer, ce jeudi 14 novembre, sur le report de l’entrée en vigueur du règlement adopté en juin 2023 contre la déforestation importée. Or, le Parti populaire européen (PPE) vient de déposer in extremis un amendement allant beaucoup plus loin et visant à vider le règlement de sa substance. Les eurodéputés doivent donc se prononcer sur un enjeu vital : ne pas détricoter un texte majeur, qui incarne le leadership environnemental et l’intelligence régulatrice de l’Union européenne (UE).

Le monde a perdu en vingt ans plus de 100 millions d’hectares de forêts. Ces écosystèmes sont vitaux pour le cycle de l’eau, le climat, la biodiversité. Sans forêts, la planète et l’humanité sont en danger. Leur protection peut emprunter deux voies : les réglementations locales de gestion forestière et la régulation des échanges commerciaux. C’est sur ces derniers que l’UE s’est distinguée en 2023 par une loi majeure qui veut stopper la « déforestation importée ».

Impact indirect

Le commerce mondialisé a, en effet, un impact considérable non seulement direct par le biais de l’exportation de bois, mais surtout indirect au travers de produits qui génèrent la destruction de forêts primaires. Le plus célèbre d’entre eux est l’huile de palme, présente dans nombre de nos aliments. Les six autres visés par l’UE sont le bois, le soja, le café, le cacao, le caoutchouc et le bœuf.

Ces produits bruts et leurs dérivés, difficiles à détecter derrière les pâtes à tartiner, l’alimentation animale, les pneus de voiture ou l’expresso matinal, devaient être interdits à l’entrée du marché européen le 1er janvier prochain s’ils provoquaient de la déforestation.

Sous la pression des lobbys, cette ambition est menacée : des amendements prévoient de dédouaner les tradeurs de leur responsabilité et d’amoindrir la mesure du risque et l’indispensable traçabilité.

En proposant un report, Ursula von der Leyen a ouvert la porte à la déconstruction d’un texte qui représente, sans doute, ce que l’UE peut faire de mieux dans la mondialisation : prendre un leadership environnemental que la Chine et les Etats-Unis au mieux délaissent, au pire combattent. Elle a su également inventer un mode de régulation intelligent, car adossé au moteur de cette même mondialisation : la consommation. Et viser directement sa face sombre : le dumping environnemental et social.

Une arme de durabilité : la traçabilité

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