« Il est à craindre que les Jeux olympiques de Paris 2024 creusent un déficit démocratique »

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A six mois des Jeux olympiques de Paris 2024, les débats et les interrogations se multiplient sur la tenue de cet événement mondial. Plusieurs sujets suscitent l’inquiétude : achèvement des installations, impréparation et coût des transports, conséquences sur le prix du logement, organisation et sécurité de la cérémonie d’ouverture sur la Seine, et, par-dessus tout, le risque d’une dérive incontrôlable du budget d’investissement.

Comme toujours, en pareil cas, les précédents européens sont invoqués : Barcelone 1992, Athènes 2004, Londres 2012. Le plus souvent, c’est pour en célébrer la réussite matérielle et urbaine (Barcelone), l’attente optimiste d’une conversion des installations olympiques (Londres) ou, au contraire, déplorer leur état d’abandon et de déshérence (Athènes).

On ajoute en général à ces considérations un volet financier sur le coût final de l’investissement. Dans le cas de la capitale grecque, il aurait aggravé la crise de confiance dans le budget de l’Etat hellénique, qui se profilait, dès le début des années 2000, avant d’éclater en 2008-2010. On néglige dans ces analyses le volet purement politique, certainement beaucoup plus éclairant, hier à Athènes comme demain à Paris.

Il faut rappeler d’abord qu’en matière d’urbanisme athénien, on ne peut pas mettre en balance l’état actuel, désolant, des installations olympiques, notamment du stade de Calatrava, et la transformation radicale des conditions d’habitat et de transport dans la capitale grecque.

Une carence criante d’infrastructures

Après guerre, Athènes croît pendant un demi-siècle de façon anarchique, faisant presque doubler la population de la ville, de 1,8 million d’habitants à 3 millions. Elle souffre d’un manque criant d’investissements publics. Dans les quartiers centraux, des maisons basses laissent place à des immeubles urbains, grâce à des élévations opportunes du coefficient d’occupation du sol, sans changement de la trame des rues.

Dans les périphéries, on assiste à une prolifération de l’habitat spontané, bientôt légalisé au fil des promesses électorales. Il y a en outre une carence criante d’infrastructures et d’équipements publics, au premier rang, des transports, avec une flotte de bus brinquebalants et polluants. L’aéroport international est situé en pleine ville, au bord de la mer, source de nuisances sonores importantes en zone résidentielle et touristique.

Bref, la fabrication privée d’une très grande ville, faite d’un mélange de solidarités familiales et de clientélismes politiques sur fond historique d’absence d’un véritable Etat depuis la refondation de la Grèce en 1830. Le système est à bout de souffle.

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