Hongkong sous la férule de Xi Jinping

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La nouvelle loi sur la sécurité nationale, adoptée à l’unanimité mardi 19 mars par le Conseil législatif de Hongkong, instaure le dispositif pénal le plus lourd depuis la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine en 1997. Le processus a pourtant été expédié en cinquante jours – un temps record, qui en dit long sur la volonté de Pékin de faire passer cet arsenal répressif avant toute autre considération.

Cette nouvelle loi complète et aggrave le dispositif adopté en 2020, dont elle entend « combler les lacunes ». Elle punit de peines allant jusqu’à la perpétuité cinq nouvelles catégories de crimes : la trahison, l’insurrection, le sabotage mettant en péril la sécurité nationale, le vol de secrets d’Etat et l’espionnage, ainsi que l’ingérence extérieure. Elle permet la garde à vue sans mise en examen et sans avocat jusqu’à seize jours. La loi de 2020, imposée par Pékin en réaction au vaste mouvement de protestation de 2019, couvrait déjà quatre crimes politiques « majeurs » : la sécession, la subversion, les activités terroristes et la collusion avec des forces étrangères.

Le passage en hâte de cet arsenal, sans possibilité d’examen sérieux ou de réelle discussion par des députés, désormais considérés comme « députés patriotes » par Pékin depuis la réforme du code électoral, finalise la mainmise du régime chinois sur Hongkong. L’article 23 de la Basic Law, la mini-Constitution dont Hongkong a été pourvu en 1997, prévoyait que le territoire se dote d’une loi sur la sécurité nationale. Une première tentative d’introduire une loi liberticide en 2003 avait jeté dans la rue un demi-million de contestataires, forçant les autorités à retirer le texte. Aujourd’hui, les opposants, écartés, emprisonnés ou exilés, ne constituent plus un obstacle.

Hongkong est devenu une ville chinoise

Le président Xi Jinping a fini par obtenir la mise en œuvre de l’article 23, et cette nouvelle étape déterminante dans le contrôle de l’ancienne colonie britannique est sa victoire. La rapidité du processus législatif afin de faire passer le texte, pour lequel les représentants de Hongkong, dont certains qui se trouvaient à Pékin à l’occasion de la session de l’Assemblée nationale populaire, ont dû rejoindre leur territoire sans préavis, montre à quel point les préoccupations sécuritaires ont pris le dessus sur les autres priorités, notamment économiques, sans qu’aucun effort soit fait pour tenter de sauver les apparences. L’arsenal répressif de Hongkong est désormais calqué sur celui de la Chine.

Cette mesure est par ailleurs révélatrice du climat politique qui marque le début du troisième mandat de Xi Jinping, dont l’emprise sur le pouvoir ne cesse de se renforcer. La session de l’Assemblée nationale populaire a été marquée par la suppression de la conférence de presse du premier ministre, et tous les hommes au sommet de l’appareil du pouvoir sont désormais des fidèles du président.

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Hongkong est devenu une ville chinoise, dont le régime ne se distingue plus de Pékin que par le contrôle des changes. Cette normalisation emporte évidemment de graves conséquences pour les libertés et les droits humains. Il appartient aujourd’hui aux investisseurs étrangers d’en tirer les leçons. La politique de « de-risking » prônée par les gouvernements occidentaux à l’égard de Pékin afin de réduire les risques de dépendance à l’égard d’un régime aux règles opaques devrait à présent aussi englober les relations avec Hongkong.

Le Monde

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