

Quelques heures après que l’Ukraine a subi une attaque impliquant le nombre record de 355 drones dans la nuit de dimanche 25 à lundi 26 mai, le chancelier conservateur allemand, Friedrich Merz, a déclaré, sur la chaîne de télévision publique allemande WDR, que les principaux alliés occidentaux de Kiev – l’Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France – ont levé toute « limitation de la portée des armes livrées ».
« Cela signifie que l’Ukraine peut désormais se défendre, par exemple en attaquant des positions militaires en Russie (…), ce qu’elle ne faisait pas il y a quelque temps, à quelques exceptions près. Elle peut le faire maintenant », a-t-il déclaré. Aucun des pays concernés n’a pour l’instant confirmé cette évolution de la doctrine militaire, qui aurait des conséquences potentielles importantes pour la suite du conflit.
M. Merz n’a toutefois pas spécifié si ses propos auraient une incidence sur les armes livrées à l’avenir par Berlin à l’Ukraine, en particulier concernant les missiles de longue portée Taurus. Sous le précédent gouvernement du social-démocrate Olaf Scholz, l’Allemagne, deuxième fournisseur d’aide militaire à l’Ukraine, avait refusé de lui fournir ceux-ci, craignant une escalade des tensions avec la Russie. Avant son entrée en fonction début mai, M. Merz s’était dit favorable à la livraison de ces missiles d’une portée de plus de 500 kilomètres, permettant d’atteindre le territoire russe en profondeur. Mais depuis, il s’est montré plus ambigu, soulignant qu’il ne détaillerait plus les armes qu’il enverrait à l’Ukraine, pour des raisons stratégiques, afin de ne pas en informer Moscou. Jusqu’à présent, l’Allemagne n’a pas livré à l’Ukraine d’armes d’une portée supérieure à 70 kilomètres environ.
M. Merz a, en outre, pris à partie le président russe, Vladimir Poutine, l’accusant de considérer les offres de discussions pour aboutir à un cessez-le-feu comme une « faiblesse » « Après ces trois dernières semaines, personne ne peut sérieusement nous accuser de ne pas avoir épuisé tous les moyens diplomatiques disponibles », a-t-il déclaré, rappelant que les alliés de Kiev avaient redoublé d’efforts ces dernières semaines pour ouvrir des négociations entre la Russie et l’Ukraine. « Si même une proposition de réunion au Vatican ne rencontre pas » l’approbation de la Russie, « nous devons nous préparer à ce que cette guerre dure plus longtemps que nous ne le souhaitons ou ne pouvons l’imaginer », a-t-il conclu.
Le projet de discussions sous l’égide du Vatican a été approuvé par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le président des Etas-Unis, Donald Trump, et les pays européens. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a émis des doutes sur ce choix, estimant qu’il serait malvenu pour deux pays orthodoxes. Quant aux récents pourparlers directs en Turquie entre Ukrainiens et Russes, les premiers depuis 2022, ils n’ont rien donné.
« Je ne comprends pas ce que l’armée israélienne est en train de faire dans la bande de Gaza »
Autre sujet abordé par le chancelier allemand lors de son intervention télévisée, la situation humanitaire dans la bande de Gaza, et plus précisément l’intensification de l’offensive de l’armée israélienne. « Je ne comprends franchement pas ce que l’armée israélienne est en train de faire dans la bande de Gaza, et je ne vois pas quel est son objectif en affectant la population civile de la sorte, comme cela a été de plus en plus le cas ces derniers jours », a-t-il dit.
« On ne peut plus le justifier par une lutte contre le terrorisme du Hamas », a ajouté le dirigeant allemand, fustigeant avec une rare fermeté les actions d’Israël, dont Berlin est l’un des plus fidèles alliés avec les Etats-Unis.
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« Nous avons tout intérêt à rester aux côtés d’Israël, et, inversement, je crois que l’Allemagne reste le partenaire le plus important [de l’Etat hébreu] en Europe, et je souhaite qu’il en soit ainsi, mais le gouvernement israélien ne doit rien faire que ses meilleurs amis ne soient plus prêts à accepter », a encore averti M. Merz, ajoutant que, lorsque « les limites sont franchies et que le droit international humanitaire est vraiment violé, alors l’Allemagne doit aussi agir ».
Malgré les pressions internationales, Israël a accentué ces derniers jours son offensive dans le territoire palestinien dévasté et affamé. Les accusations de « génocide » d’Israël envers les Palestiniens se multiplient, venant de l’ONU, de groupes de défense des droits humains, de personnalités publiques et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.
Au moins 52 personnes ont été tuées lundi par des bombardements israéliens à Gaza, selon la défense civile palestinienne, dont 33 dans une école abritant des déplacés. L’armée israélienne a dit y avoir visé des « terroristes de premier plan ».