Face au nouveau pouvoir syrien, les Occidentaux temporisent, la Turquie et le Qatar cherchent à établir le contact, la Russie veut limiter la casse

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Kaja Kallas (au centre), haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, à Bruxelles le 10 décembre 2024.

Après la surprise suscitée par la chute du régime Al-Assad, renversé dimanche 8 décembre par l’offensive éclair des rebelles islamistes, les premiers pas du nouveau pouvoir sont scrutés de près par les capitales étrangères et les institutions internationales. Mercredi 11 décembre, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a assuré que l’ONU était « totalement engagée à soutenir une transition en douceur ». Celle-ci doit être « inclusive », autrement dit, elle devra respecter les différentes factions politiques et les minorités du pays, afin d’éviter une « nouvelle guerre civile », a souligné de son côté l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, après avoir appelé à des « pourparlers politiques urgents », à Genève, afin de garantir un avenir pacifique au pays.

Si la chute d’Al-Assad a été largement saluée, la prudence est cependant de mise, tant l’incertitude est grande sur les intentions des nouvelles autorités, le mouvement Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), fer de lance de la chute de l’ancien dictateur, et considéré comme une entité terroriste par l’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE).

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, devait ainsi débuter, jeudi 12 décembre, une tournée dans la région, d’abord en Jordanie, puis en Turquie, vendredi. Ankara, allié des Etats-Unis au sein de l’OTAN, s’est longtemps heurté à Washington au sujet de la Syrie, mais est désormais considéré comme jouant un rôle-clé en raison de son soutien au HTC. « Je ne suis pas confiant. Mais je suis encouragé par le fait que [les chefs de HTC] ont dit ce qu’il fallait, mais nous devons nous concentrer sur la question de savoir s’ils feront ce qu’il faut, notamment en protégeant les minorités », a jugé M. Blinken, mercredi avant de s’envoler pour le Proche-Orient, à propos des différents messages émis par le chef des HTC, Ahmed Al-Charaa, afin de rassurer sur ses intentions.

« Scénarios terrifiants »

Même tonalité du côté des Européens. Devant les eurodéputés, mardi 10 décembre, Kaja Kallas, la nouvelle haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a fait part d’« inquiétudes légitimes concernant les violences entre groupes religieux, la résurgence extrémiste et le vide politique », et rappelé qu’il fallait à tout prix éviter de répéter les « scénarios terrifiants » de l’Irak, de la Libye et de l’Afghanistan, où les changements de régime ont débouché sur des années de chaos. De leur côté, le président français, Emmanuel Macron, et le chancelier allemand, Olaf Scholz, se sont dits « prêts à coopérer avec les nouveaux dirigeants syriens » sous certaines conditions. « Le fait que HTC soit un groupe terroriste interdit n’empêche pas le gouvernement d’engager des discussions avec lui à l’avenir », a quant à lui fait savoir le premier ministre britannique, Keir Starmer.

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