Face à l’impérialisme culturel de la Russie, le refus de l’effacement de la littérature ukrainienne

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Sauvetage de livres après la destruction du Musée de la littérature Grigori-Skovoroda, à Skovorodynivka, près de Kharkiv, en Ukraine, le 7 mai 2022.

« Bienvenue dans le monde russe ! » C’est par ces mots que l’écrivain ukrainien Andreï Kourkov avait commenté sur X, le 24 mai 2024, la destruction par des missiles russes, la veille, à Kharkiv, de l’imprimerie Faktor-Druk, où étaient imprimés la plupart des livres publiés en Ukraine. Mais il faut aussi parler des musées littéraires détruits, comme celui consacré au philosophe et poète ukrainien Grigori Skovoroda, près de Kharkiv. Ou des bibliothèques, devenues des cibles récurrentes des bombardements russes. En juin 2024, selon le média en ligne Chytomo, qui se consacre à la vie littéraire ukrainienne, on en comptait 17 % de moins qu’avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine déclenchée il y aura bientôt trois ans, le 24 février 2022.

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Surtout, il faut rappeler les plus de 100 écrivains enlevés, torturés, assassinés, tués par des frappes. Toujours sur X, le compte « Nedopysani » (« non écrit »), créé en août 2024 pour « devenir l’écho » des voix disparues, a dénombré 227 personnalités du monde littéraire, écrivains, traducteurs, éditeurs, journalistes, tuées depuis 2022. La littérature ukrainienne, si vivante soit-elle, est d’abord marquée par ces absences. Ces « vides », dit Oksana Khmeliovska, la rédactrice en chef de Chytomo, jointe par « Le Monde des livres » à Kiev. « Des vides qui se font sentir non seulement dans le passé, mais aussi dans l’avenir, un avenir qui va se dérouler sans eux. »

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