Même pour des émissions satiriques, l’exercice n’était pas simple. Après des années à écharper impitoyablement Donald Trump, son goût pour les burgers, les actrices de films porno et les énormités sémantiques, les late-night shows, véritables institutions de la télévision américaine mêlant humour et politique, ont dû négocier le virage de la réélection de leur cible préférée.
Les humoristes s’en sont sortis avec des sarcasmes, et quelques notes d’amertume. Sur CBS, le populaire Stephen Colbert, qui se moque de l’actualité quatre soirs par semaine dans son « The Late Show », s’est dit « profondément choqué ». Mais au moins « on aura une passation de pouvoirs pacifique », a-t-il relevé. « C’est la démocratie. Les gens ont décidé. Et ce qu’ils ont dit, c’est qu’ils se fichent pas mal de la démocratie. »
Pour rassurer les spectateurs, Colbert a cité un article du Wall Street Journal affirmant que Trump est indiscipliné et qu’il a du mal à se concentrer. Plutôt une bonne nouvelle, selon lui. « Il a promis de mettre les immigrés dans des camps. Mais il n’a pas la concentration… »
Seth Meyers, hôte du « Late Night with Seth Meyers » sur NBC, a noté que Trump attend encore sa condamnation dans l’affaire des paiements à l’actrice de films X Stormy Daniels. « Mais nous, nous écopons de quatre ans. » Sur ABC, Jimmy Kimmel s’est mis en scène en train de faire ses valises. Il avait entendu un électeur expliquer qu’il avait voté Donald Trump parce que Kamala Harris avait refusé de participer au podcast du spécialiste d’arts martiaux Joe Rogan. « Là, je me suis dit : où est-ce que j’ai mis mon passeport ? »
Parodie d’autocritique à la nord-coréenne
Dans son show « Real Time with Bill Maher », le vendredi sur HBO, le comédien de stand-up Bill Maher, grand pourfendeur du « wokisme », s’est moqué de l’aveuglement des démocrates qui jugeaient un deuxième mandat de Trump inconcevable. « Ils auraient pourtant dû le savoir : les Américains ne refusent jamais une deuxième ration. » Trump a dominé dans toutes les catégories, emportant le vote populaire. « Il a “attrapé” 52 % des femmes blanches, a-t-il souligné. Il a aussi attrapé leurs voix. »
Trump était tellement en tête qu’il a appelé le secrétaire de l’Etat de Géorgie pour lui demander de « perdre 11 000 votes », a aussi plaisanté l’humoriste ; et non pas de les lui trouver comme il y a quatre ans, alors qu’il contestait le résultat du scrutin. Bill Maher, qui avait indiqué qu’il voterait pour Kamala Harris, a appelé les perdants à « se regarder dans la glace ». « Ce pays en a eu assez du baratin woke et anti-bon sens. »
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