La confusion régnait depuis l’attentat perpétré sur le site de l’entreprise Tusas de l’industrie de défense, en banlieue d’Ankara, qui a fait cinq morts et vingt-deux blessés mercredi 23 octobre. La branche armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, classé terroriste par la Turquie et ses alliées occidentaux) a fini par revendiquer l’action, vendredi 25 octobre, confirmant les déclarations des autorités turques.
La formulation du communiqué laisse cependant perplexe. « Si l’action a bel et bien été menée par nos forces, le HPG [branche armée du PKK] fera un communiqué dans ce sens. En revanche, contrairement à ce qui est affirmé, cette action n’a absolument rien à voir avec le processus en cours [de négociations de paix] », écrit le conseil exécutif de l’organisation.
Depuis le 1er octobre, l’hypothèse d’une reprise des négociations entre l’Etat et l’organisation armée du PKK agitait la scène politique turque. Tout avait commencé par une main tendue dans l’hémicycle de la Grande Assemblée nationale turque ; celle du chef du Parti d’action nationaliste (MHP), Devlet Bahçeli, aux représentants du DEM (Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie, prokurde). Une scène rare entre les représentants d’idéologies antagonistes plutôt habitués à s’éviter dans les couloirs du Parlement.
D’ordinaire très hostile à toute revendication identitaire kurde, le chef du MHP avait depuis multiplié les signaux d’ouverture, allant jusqu’à déclarer mardi 22 octobre : « Si le chef de file du terrorisme [Abdullah Öcalan, fondateur du PKK, emprisonné depuis 1999] est libéré de sa cellule d’isolement, alors qu’il vienne parler à la réunion du groupe du parti DEM à la Grande Assemblée nationale turque et clamer haut et fort que le terrorisme est complètement terminé et que l’organisation a été démantelée. » L’initiative inattendue avait surpris, mais avait été accueillie positivement dans les rangs du DEM. Les dernières négociations s’étaient déroulées entre 2013 et 2015, mais s’étaient soldées par un échec.
L’hypothèse d’un désaccord au sein de l’organisation
L’attentat de mercredi 23 octobre revendiqué par le PKK intervient dans ce contexte de réchauffement. Une telle action était de nature à saboter de potentielles négociations et les déclarations de l’organisation – en contradiction avec ces actes – soulèvent des interrogations. Dans une déclaration vendredi 25 octobre, l’organisation avait en effet confirmé que « toutes les composantes du mouvement » suivraient les directives d’Abdullah Öcalan, qui s’est lui prononcé en faveur d’une reprise des négociations.
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