
En quelques minutes, la situation est devenue hors de contrôle. Le feu, qui couvait à quelques centaines de mètres en contrebas, a soudainement dévoré la pinède, attisé par les bourrasques, et encerclé les casques blancs, la Défense civile syrienne. Postés en surplomb sur la route ouverte à travers la forêt recouvrant la montagne turkmène, dans le nord-ouest de la Syrie, des volontaires, en tee-shirt à manches courtes, sans gants ni casque de protection, dévalent le flanc escarpé, aux cris d’« Allahou akbar ! », pour aider leurs collègues à hisser les tuyaux avant qu’ils ne brûlent.
Les hommes remontent, épuisés et suffocants, certains portés à bout de bras. Terrassés par la chaleur et l’épaisse fumée âcre, ils s’effondrent. Les vingt hommes de la défense civile battent en retraite, laissant les deux camions à eau prendre le relais. Les seize bombardiers à eau envoyés dans le ciel par la Syrie, la Turquie, la Jordanie et le Liban sont occupés ailleurs. Ce mercredi 9 juillet, des dizaines d’incendies constellent la montagne turkmène, une ancienne zone de combat entre l’armée du dictateur Bachar Al-Assad et les factions rebelles syriennes. « Il y a tellement de mines, ça n’arrête pas d’exploser. Les volontaires ont peur d’y aller », explique Majd Al-Cheikh, un volontaire.
« On s’est ainsi retrouvés encerclés plus d’une vingtaine de fois. Le terrain est trop escarpé, et il y a trop de vent. Grâce à Dieu, on ne déplore aucune victime. On va essayer de limiter l’avancée du feu », dit Ali Kaikouni, un responsable média de la défense civile, qui oriente les hommes, pris de panique. Ce Syrien de 30 ans, originaire de Jisr Al-Choghour, a plusieurs interventions à son actif, depuis son entrée dans les casques blancs, en 2014. Il fait tournoyer son drone au-dessus du feu pour en mesurer l’ampleur.
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