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
Avec sa veste jaune poussin, ses piercings et ses tatouages, Maribelle Haddad, 27 ans, sait qu’elle détonne dans le paysage de la conservatrice ville d’Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Installée dimanche 22 décembre dans un large canapé du café-narguilé Al-Manzel, la jeune femme tend son téléphone et appuie sur la touche d’un message vocal : « Si tu persistes à vouloir faire comme à Damas [où une manifestation pour les droits des femmes a eu lieu le 19 décembre], je te coupe la tête », affirme sereinement un certain Mohamed.
Pour cette jeune femme qui a transformé sa page Facebook en ring de boxe et répond par l’indifférence à l’invective, peu de messages auraient pu la pousser à renoncer à la manifestation pour la défense des droits des femmes lancée avec ses amies et qui devait se tenir le 21 décembre à Alep. Cette fois, pourtant, Maribelle, issue d’une famille chrétienne en rupture avec sa communauté, a dû céder. « Cet homme s’est présenté comme un ancien djihadiste. Nous savons que certains membres de ces factions ont déjà décapité des gens », poursuit-elle, en tirant nerveusement sur les manches de son pull en laine. La manifestation a été annulée.
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