
LETTRE DE MALMÖ

Au crépuscule de sa vie, Bo, 89 ans, habite seul avec son chien, Sixten, dans un petit village du nord de la Suède. Sa femme, Fredrika, atteinte d’Alzheimer, vit en Ehpad depuis trois ans. Dans des instants de clarté, le vieillard à la santé déclinante ressasse les épisodes marquants de son existence : ses relations conflictuelles avec son père, ouvrier dans une scierie comme lui, son amitié profonde avec Ture, à qui on n’a jamais connu de compagne, la naissance de son fils Hans, avec lequel la communication est difficile… Entre les visites des aides ménagères, Bo se bat pour garder le contrôle de sa vie et son chien, dont il n’a plus la force de s’occuper.
Voilà, en résumé, la trame de Tranorna flyger söderut (« les grues volent vers le sud », non traduit) : un premier roman de Lisa Ridzén sur le thème de la vieillesse qui a connu un parcours inespéré, touchant profondément les lecteurs suédois. Sorti en janvier 2024, le livre s’est écoulé à plus de 190 000 exemplaires (papier et audio), dans un pays de dix millions d’habitants, secoué par une crise de la lecture, où 5 000 exemplaires vendus – hors polar – suffissent à faire un succès en librairie. Ce n’est pas tout : couronné « Livre de l’année » par les lecteurs, lors du Salon du livre de Göteborg, en septembre 2024, le roman a déjà été vendu dans plus de trente pays. En Allemagne, neuf maisons d’édition ont participé à la vente aux enchères pour en acquérir les droits.
Il vous reste 73.67% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.