En Pologne, de petites avancées pour les femmes et les LGBT+

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Lors de la Gay Pride à Varsovie (Pologne), le 25 juin 2022.

Dans son officine du centre de Varsovie, Beata est catégorique : « J’ai beaucoup de demandes pour des pilules du lendemain sur ordonnance pharmaceutique », raconte cette pharmacienne, qui a souhaité conserver l’anonymat. Cette contraception d’urgence que les nationaux conservateurs du PiS (Droit et justice), au pouvoir en Pologne entre 2015 et 2023, avaient conditionnée à une prescription médicale est désormais, depuis le 1er mai, disponible sur ordonnance pharmaceutique dans un millier d’établissements du pays. En théorie, une femme de 15 ans révolus peut l’obtenir sans autre formalité. Dans la pratique, ce n’est pas si simple : Beata, comme d’autres pharmaciens, demandent aux mineures de revenir avec l’un de leurs parents.

Le gouvernement de centre droit de Donald Tusk, en place depuis décembre 2023, a dû, sur ce point, recourir à un décret ministériel pour contourner le veto du président Andrzej Duda, proche du PiS. Celui-ci s’était opposé à une loi rendant la pilule du lendemain accessible sans ordonnance aux 15 ans et plus. Beata souligne néanmoins les limites du projet pilote du ministère de la santé : « Les pharmacies volontaires doivent disposer d’une salle pour y faire des entretiens de quelques minutes avec les patientes. Et, en heure de pointe, quand je suis seule, c’est compliqué. »

La coalition gouvernementale a beau avoir mis fin à huit ans de détricotage des droits des femmes et des personnes LGBT+, elle est foncièrement hétéroclite. Les partis qu’elle fédère, de la gauche aux agrariens conservateurs, restent profondément divisés sur les sujets de société. Les projets phares annoncés lors de la campagne électorale de l’automne 2023, comme une union civile ouverte aux homosexuels ou la libéralisation de l’avortement, n’ont toujours pas été votés. Une tentative de dépénaliser l’aide à l’avortement, en juillet, à la chambre basse a même été sabotée par des députés alliés de Donald Tusk, certains ouvertement anti-interruption volontaire de grossesse (IVG).

Cohabitation houleuse

Même lorsque les deux chambres du Parlement tombent d’accord, l’obstacle du veto présidentiel demeure, faute d’une majorité suffisamment large pour le contrer. Il est récurrent, en cette période de cohabitation houleuse. Notables exceptions : la prise en charge des fécondations in vitro et une nouvelle définition du viol, qui entrera en vigueur en février 2025. Le texte amende un article centenaire du code pénal pour y introduire la notion de consentement. « Il était temps et, si c’est un vrai changement pour le mieux, il ne suffit pas. Il faudrait sensibiliser davantage les procureurs et les juges », remarque Antonina Lewandowska, coordinatrice du plaidoyer au niveau national de Federa, la Fondation polonaise pour les femmes et la planification familiale.

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