« Ne te demande pas ce que les Etats-Unis peuvent faire pour toi, demande-toi ce que l’Europe devrait faire pour elle-même », a lancé Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, vendredi 8 novembre. A Budapest, où ils se retrouvaient vendredi 8 novembre, deux jours après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, les chefs d’Etat et de gouvernement européens voulaient poser des actes, montrer qu’ils n’étaient pas uniquement soumis aux aléas de la vie politique de leur principal partenaire.
Agir, c’est ce que les Vingt-Sept ont promis de faire, après avoir endossé la « déclaration de Budapest » sur « un nouveau pacte européen de compétitivité ». Mais de la déclaration d’intentions à l’action, beaucoup reste à faire. « L’Union européenne [UE] ne peut plus reculer devant les décisions », a déclaré Mario Draghi, qui avait fait le déplacement à Budapest pour discuter avec les dirigeants européens de son rapport alarmiste sur la compétitivité du Vieux Continent.
Si elle n’engage pas des changements radicaux, l’UE, en plein décrochage économique par rapport aux Etats-Unis et à la Chine, est promise à « une lente agonie », mettait en garde l’ex-président de la Banque centrale européenne, le 9 septembre. « L’urgence est encore plus grande » depuis que les Américains ont choisi de réinstaller Donald Trump à la Maison blanche, a-t-il insisté, vendredi.
Pour y répondre, les Vingt-Sept sont au moins d’accord sur une chose : la nécessité d’un choc de simplification administrative et réglementaire. « On a besoin d’une réduction massive de la bureaucratie », a insisté le chancelier allemand Olaf Scholz. « Les Chinois innovent plus vite que nous, les Etats-Unis investissent plus que nous. Et les Européens réglementent plus que tout le monde », résume un diplomate européen.
« Remplacer le gaz naturel russe »
Dans ce contexte, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, proposera début 2025 une « loi omnibus », pour alléger les obligations de reddition de comptes sur un millier de législations européennes. Quelques textes, largement décriés par le patronat, pourraient aussi être toilettés, comme la directive CSRD, qui renforce les obligations des entreprises en matière de publication de données sociales et environnementales, celle sur le devoir de vigilance et le règlement sur la taxonomie.
Alors que les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) constituent la première force politique en Europe et que les droites populistes y progressent partout, ce chantier de la simplification pourrait aussi avoir comme conséquence de détricoter, au passage, certaines avancées sociales de l’UE ainsi qu’une partie du pacte vert. Ce dernier pourrait également pâtir du projet de loi « pour une industrie propre », que doit présenter la Commission sous peu et qui doit accompagner la décarbonation de l’industrie en préservant sa compétitivité.
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