En Lituanie, une élection présidentielle sous la pression de la Russie

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Le président lituanien, Gitanas Nauseda, le 23 mai, à Vilnius.

Il s’en est fallu de peu pour que le président sortant, Gitanas Nauseda, qui devrait décrocher un second mandat dimanche 26 mai, soit réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle, le 12 mai. Crédité de 44,1 % des voix, cet ancien économiste, âgé de 60 ans, sans affiliation politique, se retrouve donc de nouveau opposé à la première ministre conservatrice, Ingrida Simonyte, qui a obtenu 19,9 % des bulletins au premier tour et qu’il avait battue au second tour, en 2019, avec 66 % des suffrages.

Dans ce petit pays de 2,8 millions d’habitants, qui partage 680 kilomètres de frontière avec la Biélorussie et 277 kilomètres avec l’enclave russe de Kaliningrad, les questions de sécurité ont largement dominé la campagne électorale. Sur ce sujet, les deux candidats ont des positions très proches, tant du point de vue de leur intransigeance face à la Russie et de leur soutien inconditionnel à l’Ukraine, que de leur analyse des risques pesant sur la sécurité du pays.

Le 21 mars, le Parlement a voté une motion fixant le budget minimum consacré à la défense à 3 % du PIB à partir de 2025 (contre 2,8 % actuellement). La Lituanie vient d’annoncer qu’elle allait installer des fortifications permanentes à certains points stratégiques de sa frontière dans les prochains mois. Elles s’ajouteront aux dix-huit « parcs de contre-mobilité » répartis dans tout le pays, où seront stockés des équipements (obstacles antichars, blocs de béton armé, bobines de fils barbelés) destinés à ralentir la progression d’une force ennemie.

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Signe du niveau de tension dans la région, les deux candidats ont réagi, mercredi 22 mai, à l’information, diffusée par des médias russes – démentie ensuite par le Kremlin – selon laquelle Moscou voulait modifier unilatéralement le tracé de ses frontières maritimes avec la Finlande et la Lituanie. Gitanas Nauseda a dénoncé « une attaque hybride contre l’Occident » et « une provocation visant à l’escalade », tandis que Ingrida Simonyte partageait le message de son ministre des affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, évoquant « une opération hybride » ayant pour but de « semer la peur, l’incertitude et le doute ».

Se rapprocher de la Chine

Sur certains sujets, cependant, les deux candidats divergent. Le président sortant estime notamment que son pays devrait œuvrer à un rapprochement avec la Chine, après plusieurs années de froid dans les relations entre les deux pays, à la suite de l’ouverture d’une représentation taïwanaise à Vilnius. Mme Simonyte, au contraire, considère que Pékin doit faire le premier pas. Elle soutient aussi la légalisation de l’union civile des couples homosexuels, à laquelle s’oppose son adversaire.

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