Le décompte des voix a démarré, samedi 30 novembre en Irlande, au lendemain des élections législatives. Il faudra probablement attendre plusieurs jours pour avoir les résultats définitifs en raison du mode de scrutin complexe. La composition du Dail, la chambre basse du Parlement irlandais, où siègeront 174 députés, ne sera connue qu’après le décompte total.
L’Irlande utilise un système de représentation proportionnelle connu sous le nom de vote unique transférable. Les électeurs classent les candidats de leur circonscription par ordre de préférence, leur favori étant marqué du numéro un. Ils peuvent voter pour autant de candidats qu’ils le souhaitent. Les candidats doivent atteindre un certain nombre de voix pour être élus. Le dépouillement des bulletins de vote se fait en plusieurs tours.
Viendront ensuite les négociations pour former un gouvernement qui pourraient encore prendre du temps. En 2020, Micheal Martin, le dirigeant du Fianna Fail, était devenu premier ministre plus de quatre mois après les élections. En 2016, il avait fallu plus de deux mois pour qu’un gouvernement soit formé.
Vers un accord entre partis
Selon un sondage de sortie des urnes publié vendredi soir, le parti pro-réunification de l’île d’Irlande, le Sinn Fein de Mary Lou McDonald, arriverait en tête (21,1 %) devant le parti de centre-droit du premier ministre, Simon Harris, le Fine Gael (21 %), et le Fianna Fail (19,5 %) du vice-premier ministre, Micheal Martin.
« La formation d’un gouvernement dépendra de la capacité de deux [des trois grands partis] à coopérer entre eux », et le Fianna Fail et le Fine Gael ont tous deux « exclu avec la plus grande fermeté toute participation à une coalition avec le Sinn Fein », commente pour l’Agence France-Presse (AFP) Lisa Keenan, politologue à l’université Trinity College Dublin. Les sondages « suggèrent que le Fine Gael et le Fianna Fail seront en position de force pour reformer une coalition », souligne le quotidien Irish Times, qui note que le Sinn Fein pourrait « arriver en tête du vote populaire pour la seconde fois, mais passer encore cinq ans dans l’opposition ».
Le Fine Gael et le Fianna Fail sont « aux portes du pouvoir », affirme également l’Irish Independant Daily, ajoutant toutefois que les indépendants, les sociaux-démocrates et les travaillistes sont dans la course pour participer à une coalition. Après les dernières élections, en 2020, remportées en nombre de voix par le Sinn Fein, ancienne aile politique du groupe paramilitaire IRA qui a combattu les Britanniques en Irlande du Nord pendant des décennies jusqu’à l’accord de paix de 1998, les deux partis centristes avaient formé une coalition gouvernementale avec les Verts.
Le Sinn Fein en alternative
Le premier ministre, Simon Harris, a dit vendredi s’attendre à « quelques jours fascinants » en raison du long processus de comptage des voix, après une campagne express de trois semaines, dominée par la crise du logement, le coût de la vie et l’immigration.
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A 38 ans, celui qui était devenu le plus jeune chef du gouvernement irlandais lorsqu’il a succédé à Leo Varadkar en avril dernier, a connu une campagne difficile, mais son parti pro-européen et pro-entreprises a finalement bien résisté.
Durant la campagne, le Fine Gael et le Fianna Fail avaient fait valoir que le pays, qui dépend des investissements étrangers et des recettes fiscales provenant des géants de la tech et de la pharmacie, avait besoin de stabilité, dans un contexte économique et politique incertain.
Le Sinn Fein de Mary Lou McDonald a perdu du terrain l’an dernier auprès de sa base populaire en raison de sa position progressiste sur les questions sociales et sur l’immigration, devenue un enjeu électoral clé. Il a ensuite remonté la pente en axant sa campagne sur le logement et en se présentant comme la seule alternative au Fine Gael et au Fianna Fail, qui se sont succédé au gouvernement depuis l’indépendance de l’Irlande vis-à-vis du Royaume-Uni en 1921.