En Iran, la jeune fille marchant en sous-vêtements devient un symbole de la lutte des Iraniennes contre le port obligatoire du voile

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Extrait d’une vidéo. A proximité de l’université des sciences Azad, dans le nord de Téhéran, le 2 novembre 2024.

Plus de quarante-huit heures après les faits, l’identité de l’Iranienne qui s’est déshabillée et a défilé en sous-vêtements devant son université à Téhéran reste inconnue. Sur les réseaux sociaux, elle est surnommée « la fille des sciences et des recherches », du nom de son établissement universitaire.

Le samedi 2 novembre, dans une vidéo diffusée en ligne, on voit cette jeune femme, cheveux longs tombant sur le dos, marcher calmement devant le campus de l’université Azad, dans le nord de Téhéran. Autour d’elle, des agents des services de sécurité de l’université, chargés de surveiller l’apparence et le comportement des étudiants, hommes comme femmes, s’agitent. Dans une seconde vidéo, filmée de plus loin, elle enlève sa culotte. Une voiture surgit alors, et les agents la forcent violemment à monter dans le véhicule.

Depuis, aucune information fiable n’a été publiée à son sujet. En République islamique d’Iran, les femmes doivent se couvrir entièrement, ne laissant visibles que le visage et les mains, et la mixité entre hommes et femmes est strictement encadrée et surveillée.

Vêtements « insuffisamment islamiques »

Selon la chaîne Telegram « Khabarname Amir Kabir », spécialisée dans les mouvements de contestation dans les universités iraniennes, la jeune femme avait été harcelée par les agents de sécurité de l’université pour ses vêtements jugés « insuffisamment islamiques ». La même source rapporte que ses habits auraient été déchirés lors d’une confrontation avec les agents et qu’elle aurait décidé de se déshabiller en signe de protestation.

Les deux vidéos ont provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Le directeur de la communication de l’université Azad, Amir Mahjoub, a tenté d’apaiser la situation en niant toute altercation entre l’étudiante et les agents de sécurité, évoquant plutôt « les troubles psychologiques » dont souffrirait la jeune femme. L’agence de presse officielle ISNA et d’autres médias iraniens ont également rapporté que la jeune femme avait été placée dans un centre psychiatrique, suscitant de vives inquiétudes. Une vidéo a aussi circulé, montrant un homme au visage flouté se présentant comme son ex-mari et demandant : « S’il vous plaît, pour l’avenir de ses enfants, ne partagez pas cette vidéo. Ne portez pas atteinte à sa réputation. »

Le régime iranien a, par le passé, utilisé l’internement psychiatrique forcé comme moyen de répression contre ses opposants, en particulier des femmes. C’est notamment le cas de Roya Zakeri, arrêtée en octobre 2023 à Tabriz pour ne pas avoir porté le voile. Elle a été internée à trois reprises dans un hôpital psychiatrique de sa ville et, dans une vidéo publiée en novembre 2023, elle déclare : « La République islamique essaie de me faire passer pour une malade mentale, mais je suis en bonne santé physique et mentale. »

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