
Les funérailles nationales d’une soixantaine de militaires hauts gradés et de scientifiques liés au nucléaire tués par Israël pendant la « guerre de douze jours » ont commencé, samedi 28 juin, en Iran, au cinquième jour d’un cessez-le-feu fragilisé par de nouvelles menaces de Donald Trump.
Aux premières heures du jour, une foule immense s’est rassemblée dans le centre de la capitale, Téhéran, autour des cortèges funéraires des « martyrs de la guerre imposée par le régime sioniste ». Le cortège, parti de la place Enghelab (« révolution »), doit se rendre place Azadi (« liberté ») – un trajet de 11 kilomètres. Les cercueils sont recouverts de drapeaux iraniens et des portraits des commandants tués en uniforme, sur fond de musique pop iranienne accompagnant l’éloge funèbre.
Le président iranien, Massoud Pezeshkian, participe aux cérémonies, qui ont débuté à 8 heures (6 h 30 à Paris). La télévision d’Etat a également montré le général Esmaïl Ghaani, responsable de la Force Al-Qods, la branche des opérations extérieures des gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique. Ali Shamkhani, blessé durant la guerre et un des conseillers du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a lui été aperçu avec une canne.
Drapeaux américains et israéliens piétinés
Dans la rue, des milliers d’Iraniens brandissent des drapeaux de la République islamique, le poing levé. « Boom boom Tel-Aviv », était-il écrit sur une banderole, en référence aux missiles iraniens tirés sur Israël durant le conflit en représailles à des attaques contre l’Iran. Des répliques de missiles sont exposées samedi dans le cortège. Des drapeaux israéliens et américains ont été piétinés par des participants.
Mohammad Bagheri, le plus haut gradé des forces iraniennes, responsable à la fois de l’armée, du corps des gardiens de la révolution et du programme balistique du pays, qui travaillait directement sous l’autorité du guide suprême, tué au premier jour de la guerre, doit notamment être enterré avec sa femme et sa fille samedi.
Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989, a dans le passé présidé les funérailles nationales, notamment l’an dernier après la mort dans un accident d’hélicoptère du président Ebrahim Raïssi. Sa présence samedi n’a toutefois pas été confirmée.
Samedi « sera un jour historique pour l’Iran islamique et l’histoire de la révolution », avait assuré vendredi à la télévision nationale Mohsen Mahmoudi, un responsable religieux pour la province de Téhéran. Administrations et de nombreux commerces sont fermés samedi pour l’occasion.
« Les Iraniens ont donné de leur sang, pas leur terre ; ils ont donné leurs proches, pas leur honneur ; ils ont résisté à une pluie de bombes de mille tonnes, mais ils ne se sont pas rendus », a écrit le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi sur son compte Instagram, ajoutant que l’Iran ne connaît pas le mot « reddition ».
Menace de nouvelles frappes américaines
Israël a déclenché le 13 juin une guerre dans le but affiché d’empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique. Selon le ministère de la santé iranien, au moins 627 personnes ont été tuées et près de 4 900 blessées parmi la population civile durant les douze jours de guerre.
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Les Etats-Unis ont bombardé trois sites nucléaires en Iran dans la nuit du 21 au 22 juin, se joignant à l’offensive d’Israël. Les tirs iraniens de représailles vers Israël ont fait 28 morts, selon les autorités israéliennes.
Vendredi, le président américain a affirmé que les Etats-Unis mèneraient « sans aucun doute » de nouvelles frappes en Iran si le pays enrichissait l’uranium à des niveaux lui permettant d’obtenir des armes nucléaires. Il a aussi accusé l’ayatollah Ali Khamenei, de manquer de reconnaissance, affirmant lui avoir évité « une mort affreuse et ignominieuse ».
« Je savais exactement où il s’abritait, et je n’ai pas voulu laisser Israël ni les forces armées américaines, de loin les plus puissantes et les plus grandes du monde, mettre fin à sa vie », a martelé Donald Trump dans un message virulent sur son réseau Truth social, se vantant d’avoir infligé « une raclée » à l’Iran.
L’Iran, qui dément vouloir se doter d’une bombe atomique, revendique un droit au nucléaire civil, notamment pour l’énergie.
Téhéran a démenti reprendre des négociations avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire, comme l’a affirmé cette semaine Donald Trump. « Si le président Trump souhaite réellement conclure un accord, il devrait mettre de côté son ton irrespectueux et inacceptable à l’égard du guide suprême iranien », a écrit sur X Abbas Araghchi.