En Inde, une deuxième vie pour les saris

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LETTRE DE NEW DELHI

Sari sur mannequin pour démonstration, à Sant Hirdaram Nagar, en Inde, en 2018.

Niché à Andheri, dans la banlieue de Bombay, l’atelier ressemble à une ruche bourdonnante. Les couturières ont délaissé leur machine à coudre, le temps de se consacrer, ce 11 octobre, à une puja (« prière ») pour célébrer la déesse Durga, symbole de la victoire du bien contre le mal, qui peut assurer la prospérité. Plusieurs paires de grands ciseaux ont été alignées sur un établi, recouvert de pétales de fleur, pour être bénies. Elles ont donné du travail à des centaines de femmes défavorisées depuis dix ans, qui œuvrent ici à donner une seconde vie aux saris.

Dans une première pièce, encombrée de tissus, de patrons, un homme examine un ancien sari sur une table éclairée par un néon. Il identifie chaque défectuosité, chaque usure sur lesquelles il appose des petits carrés autocollants. L’étoffe passe ensuite entre des mains expertes qui vont découper le tissu à l’aide de patrons en contournant les défauts. Dans une pièce attenante, des dizaines de couturières assemblent, cousent, pour confectionner de nouvelles pièces, contemporaines, pour un public international. Il en sortira des modèles uniques, haut de gamme, de blousons, de bombers, de gilets, de kimonos, de sacs, d’articles de yoga, de bijoux, d’articles pour la maison, vendus exclusivement à l’export vers une trentaine de pays, notamment la France, l’Italie et l’Espagne. Le marché indien est très étroit, compte tenu du préjugé des castes, qui rend difficile le port de vêtements dont on ne connaît pas l’origine.

I Was A Sari est né en 2014, avec un modeste atelier dans le bidonville de Dharavi, le plus grand d’Asie, lancé par un Italien, Stefano Funari, soucieux de promouvoir l’émancipation des femmes. « En arrivant en Inde, en 2011, j’ai commencé à travailler sur des projets qui soutenaient les enfants dans les bidonvilles. Puis j’ai vite compris que le moyen le plus efficace d’aider ces enfants était d’autonomiser leurs mères. C’est ce qui m’a poussé à travailler avec des femmes défavorisées », confie-t-il. Dix ans ont passé et l’entreprise dispose de sept centres de production. Quelque 350 personnes y travaillent, dont 300 femmes. « On grossit d’année en année et l’on va encore se développer », explique le patron dans son modeste bureau, placé au premier étage, entre des couturières et le service du marketing.

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Le souk de Chor Bazaar

Pour alléger sa structure, l’entreprise a externalisé la production vers deux organisations non gouvernementales (ONG), Community Outreach Program et Animedh Charitable Trust, engagées dans des programmes de formation professionnelle à la couture. I Was A Sari conçoit les produits, s’approvisionne en matériaux, gère les ventes et le marketing, la logistique, et supervise le contrôle de la qualité.

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