En Haïti, neuf personnes enlevées dans un orphelinat, dont un enfant handicapé et une missionnaire irlandaise

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Des personnes déplacées par la violence des gangs en Haïti, dans une église qui les héberge, à Kenscoff, près de Port-au-Prince, le 24 juillet 2025.

Neuf personnes, dont une missionnaire irlandaise et un enfant de trois ans en situation de handicap, ont été enlevées dimanche 3 août en Haïti, ont affirmé des responsables de ce pays des Caraïbes en proie à la violence de gangs criminels. Elles ont été kidnappées en pleine nuit à Kenscoff, commune au sud-est de la capitale Port-au-Prince, au sein même de leur orphelinat Sainte-Hélène de l’organisation « Nos petits frères et sœurs », implantée dans nombre de pays d’Amérique centrale et du Sud.

Parmi ces victimes figurent la responsable de l’établissement, Gena Heraty, missionnaire de nationalité irlandaise, sept employés haïtiens et un enfant de trois ans en situation de handicap, ont annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) le maire de Kenscoff, Masillon Jean, et une source proche de l’organisation humanitaire.

« Les assaillants ont fait irruption dans l’orphelinat aux alentours de 3 h 30 [9 h 30, heure de Paris], sans ouvrir le feu. Ils ont percé un mur pour pénétrer dans la propriété avant de se diriger vers le bâtiment où résidait la responsable, et repartir avec les neuf otages », a expliqué l’édile, évoquant « une action planifiée ». Aucune revendication ni demande de rançon n’ont été formulées. Mme Heraty a toutefois pu brièvement entrer en contact téléphonique avec des collaborateurs dimanche matin pour confirmer l’enlèvement, a précisé la source proche de l’orphelinat.

Des forces de l’ordre qui peinent à rétablir la sécurité

Sainte-Hélène accueille environ 270 enfants, dont une cinquantaine vivant avec un handicap. Sur le site Internet de « Nos petits Frères et Sœurs », Gena Heraty est présentée comme une Irlandaise « responsable des programmes pour enfants et jeunes adultes en situation de handicap en Haïti » et vivant dans le pays le plus pauvre des Amériques depuis 1993.

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Il y a eu ces dernières années en Haïti nombre d’enlèvements de missionnaires étrangers. En avril 2021, dix personnes, dont deux prêtres français, avaient été kidnappées à Croix des Bouquets par le gang « 400 Mawozo », avant d’être libérées vingt jours plus tard. Ce même groupe avait été derrière le rapt six mois après de seize missionnaires américains et un canadien de l’organisation « Christian Aid Ministries ».

Depuis janvier, la commune de Kenscoff est la cible de la coalition criminelle « Viv ansanm », qui a déjà pris le contrôle de plusieurs localités et fait fuir leurs habitants. Les forces de l’ordre peinent à rétablir la sécurité dans cette zone.

Au moins 3 141 personnes ont été tuées en Haïti entre le 1er janvier et le 30 juin, s’est alarmé en juillet le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, redoutant que la violence des gangs, qui s’intensifie depuis 2024, ne déstabilise d’autres pays des Caraïbes.

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Le Monde avec AFP

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