en Géorgie, la mobilisation s’étend face à un pouvoir inflexible

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Lors des manifestations contre la décision du nouveau gouvernement de suspendre les discussions pour rejoindre l’Union européenne, à Tbilisi, le 1ᵉʳ décembre 2024.

La contestation s’étend en Géorgie. Pour le quatrième soir d’affilée, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, dimanche 1er décembre, pour protester contre la décision du gouvernement, jeudi, de suspendre le processus d’adhésion à l’Union européenne (UE) jusqu’en 2028. La mobilisation s’est renforcée dans les grandes villes, à Tbilissi, Batoumi, Gori, Zougdidi et Koutaïssi. De façon plus inhabituelle, des manifestations ont aussi éclaté dans des petites villes paisibles comme Khachouri, Lagodekhi ou Ozourgeti. Dans le village de Daba Jvari, au pied des montagnes, des manifestants ont bloqué l’autoroute Zougdidi-Mestia en scandant « Non au régime russe !  » et « l’avenir de la Géorgie, c’est l’UE ! ».

Parallèlement aux manifestations, des centaines de fonctionnaires, issus notamment des ministères des affaires étrangères, de la défense et de l’éducation, ainsi que des juges, ont publié des déclarations communes en signe de protestation. Plus d’une centaine d’écoles et d’universités ont suspendu leurs activités. Quelque 160 diplomates géorgiens ont aussi critiqué la décision du gouvernement, estimant qu’elle était contraire à la Constitution et conduisait « à l’isolement international » du pays. De nombreux ambassadeurs géorgiens ont démissionné, notamment aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, en Bulgarie et en Lituanie, et plusieurs athlètes géorgiens de premier plan ont fait part de leur inquiétude.

Violences

La répression s’est elle aussi durcie. Dans la capitale, la police a tenté de disperser les rassemblements à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène, mais aussi de balles en caoutchouc, selon la chaîne Formula – ce que Tbilissi dément. Des protestataires et des journalistes ont été frappés. Ces violences, dénoncées à Washington et Bruxelles, semblent avoir poussé encore plus de Géorgiens dans la rue. A Tbilissi, des manifestants ont érigé des barricades et tiré des feux d’artifice sur les forces de l’ordre. Plus de 200 personnes ont été arrêtées, et 44 hospitalisées (27 manifestants, 16 policiers et un journaliste), a annoncé dimanche le ministère de l’intérieur. Le défenseur des droits, Levan Ioseliani, qui a rendu visite à des manifestants détenus à Tbilissi, a dénoncé la « cruauté » de la police.

La présidente pro-européenne, Salomé Zourabichvili, qui soutient les protestataires, a engagé un bras de fer direct avec le gouvernement en annonçant, samedi, qu’elle refusait de quitter son poste – son mandat expire mi-décembre. Elle considère que le nouveau Parlement, qui doit élire le prochain président le 14 décembre, est « illégitime » parce que les élections législatives du 26 octobre ont été « truquées », et parce que la cour constitutionnelle, qu’elle a saisie pour annuler le scrutin, ne s’est pas encore prononcée. « Un Parlement illégitime ne peut pas élire le président, a-t-elle déclaré. Par conséquent, il n’y aura pas d’investiture et mon mandat se poursuivra jusqu’à ce qu’il y ait un Parlement légitimement élu, qui élira légitimement celui qui me succédera. »

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