En France, le désarroi des Libanais dont les visas expirent

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Lors d’une manifestation de soutien au peuple libanais, place de la République, à Paris, le 29 septembre 2024.

Marlène (toutes les personnes citées par leur prénom ont souhaité conserver leur anonymat) avait besoin d’aide pour gérer la rentrée scolaire de ses deux filles. Cette Franco-Libanaise, mariée à un Français et installée dans le Val-de-Marne depuis 2021, a fait venir sa mère de Beyrouth, le 1er septembre. Son séjour ne devait durer que quelques semaines, mais, depuis le 23 septembre et le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes quotidiennes, le Liban est en proie à l’une des pires catastrophes humanitaires de son histoire. Alors Marlène a souhaité que sa mère reste davantage. « Elle a 76 ans, elle habite seule à Beyrouth et je suis fille unique. S’il y a quoi que ce soit, elle ne peut partir nulle part. Je crains pour elle », confie-t-elle.

La mère de Marlène n’a cependant pas le droit de rester en France au-delà de ce que l’y autorise son visa de tourisme, c’est-à-dire après le 12 novembre. « Depuis le 1er octobre, j’ai contacté toutes les administrations pour faire prolonger son visa, relate la Franco-Libanaise. La préfecture ne me répond ni par e-mail ni au téléphone. J’ai envoyé des lettres en recommandé, sans succès. J’ai écrit à la cellule de crise [du ministère des affaires étrangères], à l’Elysée. Aucun être humain ne me répond. Elle va se retrouver en situation irrégulière. »

C’est pour ne pas devenir « sans-papiers à 70 ans » que Gisèle Daccache a, elle, décidé de partir. Son visa a expiré le 15 octobre, alors qu’elle était venue en France, elle aussi à la fin de l’été, s’occuper de ses petites-filles, âgées de 1 an et 3 ans. Elle ne peut plus rentrer à Beyrouth désormais. « Elle habite à cinq minutes en voiture du quartier général du Hezbollah », justifie son fils, Elie Dagher, un Franco-Libanais de 36 ans, installé dans les Hauts-de-Seine et dirigeant de sociétés dans l’immobilier. Le fils dit s’être démené pour prolonger le visa de sa mère, en vain. « La sous-préfecture de Boulogne-Billancourt se borne à nous écrire que “le ministère n’a pas encore envoyé de directive concernant les ressortissants libanais”. En attendant, on n’a plus de solution. Mardi, ma mère part à Dubaï, où vit ma sœur. »

Motifs humanitaires ou familiaux

Selon le ministère de l’intérieur, il y avait, fin 2023, quelque 30 000 titres de séjour et plus de 104 000 visas (très majoritairement de court séjour) délivrés à des Libanais et en cours de validité, « ce qui ne signifie pas que tous sont présents sur le territoire national ». L’ambassade du Liban à Paris a reçu environ 350 sollicitations de Libanais se trouvant confrontés à l’expiration de leur visa et aux refus ou aux silences des préfectures. « On est en train d’essayer de régler ça avec le ministère de l’intérieur », assure au Monde l’ambassade.

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