En France, la chute des aides au développement consterne les ONG et complique encore la diplomatie présidentielle

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Le philosophe camerounais Achille Mbembe (à gauche) s’entretient avec le directeur général de l’Agence française de développement, Rémy Rioux, avant une séance plénière du sommet Afrique-France 2021, à Montpellier, le 8 octobre 2021.

L’aide publique au développement (APD) est bien partie pour être la principale victime collatérale des coupes budgétaires censées limiter le dérapage des déficits français. Le projet de loi de finance pour 2025 en cours d’examen au Parlement s’accompagne d’un sérieux coup de rabot au détriment du soutien aux pays les plus vulnérables – 2 milliards d’euros sur l’effort de quelque 40 milliards espéré par le gouvernement Barnier, sous forme d’économies et de hausses d’impôts -, au point de susciter les inquiétudes des organisations non gouvernementales, mais aussi du bras armé de l’Etat dans ce domaine, l’Agence française de développement (AFD).

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A en croire le projet de loi de finance, les dotations consacrées au développement devraient être en recul de 1,3 milliard d’euros, baisse à laquelle s’ajoutent des économies additionnelles de 641 millions d’euros annoncées fin octobre par l’exécutif – soit une diminution d’environ 34 % des crédits dévolus au développement en 2025 par rapport à cette année. D’après les calculs de Coordination Sud, une plateforme qui regroupe 180 ONG françaises de solidarité internationale, cette mesure pourrait se traduire par la suppression de la vaccination de base de plus de 71 millions d’enfants, ou celle de l’accompagnement scolaire sur un an de plus de 17 millions d’entre eux.

« Non seulement la France tourne le dos aux pays pauvres, mais elle va se mettre à l’écart des grands enjeux sur lesquels elle s’était positionnée depuis 2017 », déplore Friederike Röder, vice-présidente de Global Citizen, une organisation de lutte contre l’extrême pauvreté. Depuis l’arrivée de M. Macron à l’Elysée en 2017, le budget de l’aide au développement était pourtant passé de 10 à quelque 15 milliards d’euros par an. Le locataire de l’Elysée n’a jamais hésité à faire de ces instruments un outil d’influence diplomatique. Et dans ce but, la France a accueilli nombre de conférences, dont le « sommet pour un nouveau pacte financier mondial » en juin 2023, ou un sommet des Nations unies sur les océans, à Nice en juin 2025.

« Cette baisse inédite est excessive »

Une source gouvernementale fait valoir que l’aide reste « encore supérieure de 1,2 milliard d’euros par rapport à 2017, démontrant ainsi que la France reste pleinement présente et engagée », mais qu’elle sera davantage « recentrée » sur certaines zones géographiques et certains secteurs. Le ministère des affaires étrangères – dont le budget de fonctionnement est peu ou prou épargné – est dès lors contraint de revoir certains de ses programmes, tandis que le chef de l’Etat reste discret, loin du tumulte suscité par le débat budgétaire. L’Elysée se contente de faire savoir qu’il s’agit d’« un sujet qu’il suit avec attention compte tenu de l’engagement fort du président de la République pour l’aide publique au développement ». Mais difficile pour M. Macron de prendre le contre-pied de son premier ministre, en première ligne dans les débats budgétaires.

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