En France, la Chine prête à tout pour faire taire des opposants

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Pour Jiang Shengda, comme pour les milliers de participants à la manifestation du 5 mai 2024, place de la République, à Paris, il s’agissait de faire contrepoids aux acclamations des soutiens du président chinois Xi Jinping, en visite en France. Arrivé le même jour à l’aéroport, il avait été accueilli par le premier ministre de l’époque, Gabriel Attal, et des milliers de membres de la diaspora, agitant d’immenses drapeaux français et chinois sur son parcours.

Au même moment, place de la République, le jeune artiste dissident s’apprêtait à prendre la parole devant une foule de Tibétains et d’opposants à la venue de Xi Jinping, quand il a reçu un appel, puis une dizaine d’autres de sa mère. Jiang Shengda ne décroche pas : il est minuit à Pékin, sa mère devrait dormir. « Elle allait évidemment me dire de ne pas participer. Mais je me suis dit que je devais le faire », raconte le trentenaire, le visage encadré de longs cheveux noirs, bouc au menton et lunettes de soleil.

Après son discours, il rappelle sa mère : la police a contacté son père, « ils lui ont dit de m’interdire de faire quoi que ce soit de public pendant que le grand leader était là ». Comme Jiang Shengda, au moins neuf autres membres de son Front de la liberté en Chine, un collectif de dissidents, ont subi des pressions. Beaucoup de Tibétains et de Ouïgours ont également reçu des avertissements ou des menaces, souvent par l’intermédiaire de leurs proches restés en Chine.

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