En Europe, un débat point sur les conditions d’accueil des réfugiés ukrainiens

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Des réfugiés ukrainiens dans un centre d’accueil et d’hébergement temporaire installé dans l’ancien aéroport de Tegel, à Berlinn le 19 mai 2023.

Plus de deux ans et demi après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, une tendance au raidissement est perceptible dans certains pays européens au sujet de l’accueil des réfugiés qui ont fui cette guerre. Le 27 septembre, le gouvernement norvégien a ainsi annoncé qu’il cessait, « avec effet immédiat », d’accorder l’asile automatiquement à tous les Ukrainiens qui le demanderaient. Quelque 85 000 d’entre eux séjournent dans ce pays de 5,6 millions d’habitants.

Aussitôt après l’offensive russe, les Européens ont organisé l’accueil et l’assistance aux réfugiés ukrainiens. C’est alors que les autorités norvégiennes leur avaient accordé un asile automatique. Un processus équivalent à celui de l’Union européenne (UE), qui a activé en leur faveur une directive sur la protection temporaire. Grâce à ce mécanisme, ils ont pu s’installer dans le pays de leur choix. Ils ont accès, selon les règles de chaque Etat, aux services sociaux, à un logement, à un emploi et aux services bancaires. Ils peuvent aller et venir entre l’UE et l’Ukraine. Fin juillet, 4,3 millions d’Ukrainiens bénéficiaient de cette protection temporaire, selon la Commission.

Désormais, en Norvège, les demandes des Ukrainiens provenant des régions de l’ouest du pays (celles de Lviv, de Volhynie, de Transcarpatie, d’Ivano-Frankivsk, de Ternopil et de Rivne), jugées sûres car éloignées du front, seront instruites « au cas par cas ». « Nous ne pouvons pas accueillir une part disproportionnée des personnes déplacées par rapport à des pays comparables [au nôtre], tels que les pays nordiques », a fait valoir la ministre de la justice norvégienne, Emilie Enger Mehl.

Le gouvernement norvégien a expliqué ce durcissement par l’impact de cet afflux de réfugiés sur le logement, les services de santé et les établissements scolaires, dans certaines communes. La ministre a aussi noté qu’une « part croissante » d’entre eux étaient « des hommes, dont beaucoup sont en âge de combattre », alors que l’Ukraine peine à regarnir les rangs de son armée.

Expulsions subites

Dans l’UE, certains pays prennent moins de gants. Fin août, à Kocs, petite ville de Hongrie à 80 kilomètres de Budapest, une centaine de réfugiés ukrainiens, très majoritairement des femmes et des enfants, ont été subitement expulsés du foyer où ils étaient hébergés depuis le début de la guerre. « Ils nous ont jetés dehors ! Où peut-on aller avec nos enfants ? », s’est indignée une mère de famille venant de Transcarpatie.

Face au scandale, le gouvernement nationaliste de Viktor Orban a fini par organiser une solution d’hébergement en urgence. Mais il a défendu le décret contesté, pris fin juin, pour durcir considérablement les conditions d’accueil des réfugiés ukrainiens. Le texte réserve le droit à un hébergement aux seules personnes venant de régions directement touchées par la guerre, excluant les oblasts de l’ouest de l’Ukraine, dont proviennent beaucoup de réfugiés en Hongrie, souvent issues de la minorité magyarophone. Le gouvernement a fait valoir que « la prolongation de la guerre justifiait la révision du système d’aide » aux quelque 30 000 Ukrainiens réfugiés en Hongrie. Parmi eux, « 4 000 personnes vivaient de l’argent de l’Etat hongrois sans travailler », a dénoncé le porte-parole du gouvernement, Gergely Gulyas.

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