
Le méga concert d’un chanteur croate connu pour ses sympathies d’extrême droite, qui a attiré environ 450 000 fans ce week-end, suscite de vives critiques dans le pays après la multiplication de symboles et slogans pronazis pendant le show. Environ 450 000 places de concert ont été vendues dont 350 000 en Croatie, selon des chiffres communiqués par la police nationale dans un pays qui compte 3,8 millions d’habitants.
Le premier ministre croate, conservateur, dont le pays est membre de l’Union européenne, Andrej Plenkovic, a assisté à la répétition générale du concert et pris une photo avec le chanteur, en présence du président du Parlement, Gordan Jandrokovic.
Marko Perkovic, connu sous le nom de scène de Thompson, a interdiction de se produire dans plusieurs pays en raison de ses sympathies pour le régime fasciste oustachi croate durant la seconde guerre mondiale. Icône folk rock de l’extrême droite, il s’est fait connaître par des chansons nationalistes dans les années 1990, au moment du conflit serbo-croate.
Lors du concert samedi à l’hippodrome de Zagreb, Thompson a interprété l’une de ses chansons les plus connues, commençant par le salut oustachi – Za Dom – Spremni ! (« Pour la patrie – Prêts ! ») – dont la réponse a été reprise en chœur par la foule. Ce salut était également utilisé par l’unité paramilitaire HOS, aujourd’hui dissoute, pendant la guerre des années 1990, et le chanteur a assuré que la chanson faisait référence à ce conflit. De nombreux fans, qui voient en Thompson un défenseur des valeurs traditionnelles et religieuses, étaient vêtus de tee-shirts noirs arborant le slogan « Za Dom – Spremni ! ».
« Rhétorique dangereuse et haineuse »
L’utilisation massive des symboles et de slogans oustachis lors du concert a été vivement critiquée notamment par l’opposition de gauche et des ONG, et la présidente du Parlement serbe, Ana Brnabic, a appelé l’Union européenne à réagir, estimant qu’« il n’y a pas de place sur le continent européen pour une rhétorique aussi dangereuse et haineuse ».
Le ministre de l’intérieur croate, Davor Bozinovic, a, lui, déclaré qu’il « ne comprenait pas ceux qui tentent de présenter un demi-million de personnes comme des extrémistes ou des radicaux ».

« Nous avons assisté [samedi] à une honte mondiale, où des messages extrémistes ont bénéficié d’une logistique étatique et d’un soutien direct du plus haut niveau du gouvernement », ont dénoncé les sociaux-démocrates, principal parti d’opposition.
Pour l’ONG Initiative des jeunes pour les droits de l’homme, cet événement « est devenu le plus grand rassemblement [pro]fasciste organisé en Europe depuis la seconde guerre mondiale » et constitue une « attaque directe contre les valeurs fondamentales de l’Union européenne ».
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Ces dernières années, la Croatie a montré une tolérance croissante à l’égard de son passé pronazi, et les autorités ont été accusées de ne pas en faire assez pour interdire les emblèmes oustachis dans l’espace public. L’Etat fantoche croate dirigé par le régime oustachi, qui avait comme objectif de renverser la monarchie et de contrer la prédominance serbe sur le royaume de Yougoslavie, a été installé par Hitler et Mussolini en 1941. Les oustachis (insurgés en croate) ont persécuté et tué des centaines de milliers de Serbes, de juifs, de Croates antifascistes et des Roms dans des camps de concentration pendant la seconde guerre mondiale.