En Corse, l’âpre révolution culturelle pour libérer l’île de son emprise mafieuse

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Lors de la manifestations antimafia d’Ajaccio, le 15 novembre 2025.

Les cortèges qui ont manifesté contre la mafia à Ajaccio et à Bastia ce 15 novembre – environ 1 800 personnes au total selon le renseignement territorial – sont loin du raz de marée ayant déferlé sur Palerme en 1992. Mais après une première mobilisation le 8 mars à Ajaccio, une petite quinzaine d’associations regroupées dans une « coordination antimafia » enracine le même message : « A maffia tomba, u silenziu dinò », (« la mafia tue, le silence aussi »). « C’est une étape qui photographie la prise de conscience des Corses face au phénomène des pressions mafieuses », a estimé, face à la foule, l’un des organisateurs, Jean-Toussaint Plasenzotti, membre du collectif Massimu Susini. Ce réveil de la société civile embrasse un dialogue apaisé avec les services de l’Etat. Le préfet de Corse Eric Jalon n’a pas harangué les manifestants depuis un camion et avec un mégaphone comme l’avait osé son prédécesseur Jérome Filippini, lors du dernier rassemblement, mais il a préféré échanger à voix basse devant les grilles de la préfecture avec M. Plasenzotti.

Assurant de la « détermination de l’Etat à lutter contre l’emprise mafieuse » mais sans toutefois prononcer le mot de mafia, le préfet Jalon a listé trois actions phare, comme un « meilleur accompagnement des entreprises exposées à la criminalité pour ne pas qu’elles jettent l’éponge ». Une disposition strictement économique dans une île où « 17 chefs d’entreprise du BTP ou du tourisme ont été assassinés » et « une centaine de restaurants, incendiés en 12 ans » selon Jérôme Mondoloni, du collectif antimafia Massimu Susini.

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