En Bulgarie, la loi interdisant « la propagande LGBT + » à l’école provoque l’indignation

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Un rassemblement devant le Parlement bulgare pour dénoncer un amendement interdisant « la propagande et la promotion LGBT + » à l’école, à Sofia, jeudi 8 août 2024.

Mercredi 7 août, les parlementaires de Bulgarie ont voté une loi interdisant « la propagande et la promotion LGBT + » à l’école, provoquant une indignation grandissante dans le pays. Depuis jeudi 8 août, des manifestants dénoncent cette attaque à l’encontre des minorités sexuelles. Des centaines de personnes se sont rassemblées, jeudi, devant les portes du Parlement de Sofia pour exprimer leur indignation en brandissant des drapeaux multicolores et en scandant des slogans hostiles à la loi.

Introduit sur proposition du parti d’extrême droite prorusse Vazrajdane (Renaissance), un amendement législatif a été adopté à une large majorité avec 159 voix (22 votes contre et 13 abstentions). Il rend désormais illégal « l’encouragement » d’une « orientation sexuelle non traditionnelle » et d’une identité de genre « différente de la biologique ». Les rapporteurs ont justifié la nécessité de légiférer rapidement sur cette question en raison d’une « normalisation inacceptable de l’orientation sexuelle non traditionnelle », opérée par une « propagande » auprès des élèves bulgares. Pour Denitsa Lubenova, avocate de l’association LGBT + Deistvie (Action), dont les propos ont été rapportés par l’Agence France-Presse, les députés ont « profité » d’un contexte actuel de « guerre culturelle » autour des Jeux olympiques pour faire passer cette réforme.

La Bulgarie, en proie à une grave instabilité politique, appelle ses électeurs aux urnes cet automne pour la septième fois depuis 2021. Ce passage éclair d’une loi particulièrement controversée est considéré, par ses détracteurs, comme un outil de propagande électorale. Une manœuvre politique qui pourrait bien profiter à l’extrême droite lors des législatives. En Bulgarie, où l’opinion publique est largement hostile aux LGBT +, ni le mariage ni l’union civile entre personnes de même sexe ne sont autorisés. Le pays constituait déjà, en 2023, avec la Roumanie et la Pologne, le trio des pires élèves de l’Union européenne en matière de droits des minorités sexuelles, selon ILGA-Europe, qui rassemble les associations LGBT + du Vieux Continent.

« Profonde inquiétude »

Cette offensive anti-LGBT + rappelle fortement la loi hongroise qui, dans le cadre d’un plan destiné à lutter contre la pédophilie, avait interdit d’évoquer l’homosexualité devant des mineurs sous peine d’une amende, durant l’été 2021. En la soutenant, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, s’était lui-même inspiré de la législation utilisée dans la Russie de Vladimir Poutine pour réprimer les minorités sexuelles. Jugeant que la Hongrie avait enfreint les règles du marché unique et les droits fondamentaux de l’Union européenne, l’exécutif européen avait lancé une procédure en infraction contre Budapest. L’affaire avait abouti devant la Cour de justice de l’Union européenne, qui pourrait rendre son verdict en juin 2025. Quinze Etats membres, dont la France et l’Allemagne, ainsi que le Parlement européen se sont joints à cette action en justice, signe de l’indignation inédite provoquée par cette législation hongroise.

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