Plusieurs incidents ont opposé les communautés kurde et turque de Belgique depuis dimanche 24 mars. Le président turc Recep Tayyip Erdogan leur a donné un écho retentissant, mardi, forçant les autorités belges à tenter de calmer les esprits. Dans une vidéo filmée dans son avion et postée sur le réseau social X, le chef de l’Etat converse avec un jeune Turc de 16 ans, victime, la veille, d’une agression à Bruxelles commise par des Kurdes, prétendument sympathisants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le jeune homme, domicilié à Gand, était en visite au Parlement européen avec son école, lundi 25 mars. Sortant du bâtiment, devant lequel manifestaient des militants kurdes, il a été pris à partie, frappé et blessé. Relayée par des médias turcs pro gouvernementaux évoquant la « terreur » qui s’exercerait, selon eux, sur leurs concitoyens en Belgique, mais aussi en France et en Allemagne, l’affaire a pris une nouvelle tournure après le coup de téléphone du président au jeune homme dont la famille a refusé de dévoiler l’identité « pour des raisons de sécurité ».
Au cours d’une conversation de quelques minutes, M. Erdogan a dépeint, sans citer nommément le PKK, la « lâcheté » d’agresseurs, décrits comme « minables et immoraux ». Il a indiqué que l’un de ses conseillers suivait de près la situation en Belgique.
La diplomatie turque s’était déjà mobilisée après des incidents survenus à Heusden-Zolder et Houthalen, dans le Limbourg le dimanche 24 mars. Des Kurdes syriens fêtant le nouvel an perse avaient affronté des membres de la communauté turque qui s’estimaient provoqués par le déploiement de drapeaux kurdes. Le lendemain, à Cheratte, dans la province de Liège, un bar fréquenté par des Turcs était attaqué par des hommes cagoulés qui se livraient à des brutalités avant d’incendier des voitures. Alerté, le ministre des affaires étrangères turc, Hakan Fidan, avait eu un entretien avec son homologue belge Hadja Lahbib.
« Des enquêtes ont été menées »
Le même jour se déroulait, à Bruxelles, la manifestation pro-kurde au cours de laquelle le jeune habitant de Gand a été blessé. Le défilé a dégénéré en raison, affirmaient les organisateurs, de provocations de membres des Loups Gris, l’organisation d’extrême droite ultranationaliste turque. Des incidents ont aussi eu lieu à Gand, en Flandre orientale, où un café et deux autres commerces kurdes ont été attaqués dans la nuit du 26 au 27 mars.
Selon diverses sources, des activistes venant de pays voisins ont pris part aux règlements de comptes des derniers jours. Le premier ministre Alexander De Croo a toutefois estimé qu’il ne disposait pas d’informations indiquant que les événements avaient été organisés en dehors de la Belgique.
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