Dans une campagne où tous ses adversaires vont être des hommes âgés de plus de 50 ans avec déjà une longue carrière politique derrière eux, sa présence détonne et va sans aucun doute créer des lignes de fracture. Lundi 22 janvier, en pleine montée des tensions autour des politiques climatiques, la direction des Verts autrichiens a fait le choix radical de proposer à ses militants, comme tête de liste pour les élections européennes de juin, la plus célèbre des activistes du climat du pays : Lena Schilling, étudiante en science politique, âgée d’à peine 23 ans.
Le visage juvénile de cette Viennoise aux longs cheveux ondulés est connu dans tout le pays d’Europe centrale depuis qu’elle a mené localement les manifestations du mouvement Fridays for Future, lancé par la Suédoise Greta Thunberg à partir de 2018. En 2021, elle est ensuite devenue l’une des figures de proue du long mouvement d’occupation d’une zone humide viennoise menacée de destruction dans le cadre d’un projet de construction d’un tunnel autoroutier sous le Danube. Le chantier a finalement dû être abandonné sous la pression des écologistes.
« En tant qu’activiste, j’ai été cinq années dans la rue. La question était : quelle serait la prochaine étape ? », a-t-elle expliqué, dans un entretien au quotidien Der Standard, lundi 22 janvier, en disant son besoin « d’aller là où se trouvent les leviers du pouvoir, là où le changement climatique et la justice sociale sont bloqués : dans la politique ».
En 2022, elle critiquait pourtant vertement le système électoral dans son livre Radikale Wende (« Changement radical », non traduit), en estimant que les élections étaient « certes pertinentes, mais inefficaces ». De surcroît, il y a quelques mois, elle donnait encore des interviews dans lesquelles elle affirmait : « Les activistes de Fridays for Future n’iront jamais chez les Verts, [car] nous ne leur faisons plus confiance pour tenir leurs promesses. »
« Combattre le vent de la réaction »
« En même temps, les perspectives changent parfois », plaide-t-elle désormais, en reconnaissant que le mouvement de protestation sur le climat s’est un peu essoufflé. « Il y a des attaques de l’extrême droite partout en Europe. Or il faut combattre le vent de la réaction et c’est bien qu’une courageuse jeune femme s’engage contre cela », a salué Werner Kogler, le chef des Verts autrichiens.
Ce choix doit permettre au parti, qui gouverne depuis 2020 en coalition avec les conservateurs, d’essayer de sauver ses trois sièges d’eurodéputés, alors que les sondages sont pour l’instant nettement moins favorables que les résultats historiques obtenus aux européennes de 2019.
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