« J’aimerais planter le dernier clou dans le cercueil du kirchnérisme avec Cristina [Fernandez de Kirchner] dedans. » Cette déclaration du président argentin, Javier Milei, lors d’un entretien à la chaîne de télévision TN, le 20 octobre, a provoqué un tollé, alors que l’ancienne présidente (2007-2015) a été victime d’une tentative d’attentat en octobre 2022.
On disait de Javier Milei que l’exercice du pouvoir l’assagirait. Un an après sa prise de fonctions, le 10 décembre 2023, il n’en est rien, au contraire. La violence verbale continue d’être sa marque de fabrique, et il en est fier : « Le feu se combat par le feu », a-t-il déclamé le 4 décembre.
L’ancien ministre de la santé Gines Gonzalez Garcia, un des plus grands spécialistes des politiques de santé publique ? Javier Milei l’a traité de « méga fils de pute » le lendemain même de sa mort, le 18 octobre. Ses adversaires ? Des « gauchistes de merde », des « orques ». Le Congrès ? « Un nid de rats immondes ». Les insultes homophobes ne manquent pas non plus.
Selon une étude du Mouvement vers le développement, qui a recensé tous les posts sur X du président entre le 11 décembre 2023 et le 13 novembre 2024, le chef de l’Etat a utilisé presque sept fois par jour des insultes prises dans une liste de 32 telles que « gauchistes », « corrompus », « dégénérés », « voleurs », « malades »…
« On est avec lui ou contre lui »
Les journalistes sont une de ses cibles préférées. Il dit être victime de « la plus grande campagne négative de l’histoire de l’humanité ». L’Observatoire de la liberté d’expression du Forum de journalisme argentin a recensé 167 attaques contre la liberté d’expression depuis le 1er janvier (contre 117 pour toute l’année précédente), dont 29 % provenant du président Milei.
Pour Joaquin Morales Sola, chroniqueur du journal conservateur La Nacion et président de l’Académie nationale de journalisme, « Milei n’est pas habitué au traitement des journalistes vis-à-vis du pouvoir ». « Il considère, ajoute-t-il, que même les journalistes qui reconnaissent certains aspects positifs de sa politique économique sont ses ennemis. On est avec lui ou contre lui, comme c’était le cas pour Donald Trump (2017-2021) ou Nestor et Cristina Kirchner (2003-2015), pendant les mandats desquels nous avons aussi été maltraités. »
Mais pour les partisans du président, son langage cru, sans chichis, est une marque d’honnêteté, face à la « caste politicienne » vue comme polie, mais hypocrite et menteuse. « La première promesse des leaders comme Milei, Trump ou d’autres en Europe est d’humilier la caste, expliquait récemment dans un entretien à la chaîne de télévision TN l’écrivain et professeur de sciences politiques italien Giuliano da Empoli. C’est sur cette promesse qu’ils ont été élus. Ainsi, tous les messages, même très violents, qui vont dans cette direction sont une manière de respecter leur programme. »
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