En Argentine, Javier Milei met au pas les diplomates

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Diana Mondino, alors ministre des affaires étrangères argentine, à Washington, le 17 mai 2024.

Javier Milei veut une diplomatie argentine alignée sur sa vision du monde et, pour cela, il a entrepris d’écarter tous ceux qui ne la partagent pas. Un vote à l’Assemblée générale des Nations unies, a priori sans enjeu, a eu raison de Diana Mondino, ministre des affaires étrangères depuis l’arrivée au pouvoir du libertarien, en décembre 2023.

Mercredi 30 octobre, comme chaque année depuis 1992, l’Argentine a voté en faveur d’une résolution demandant la fin du blocus des Etats-Unis contre Cuba, en même temps que 186 autres pays. Seuls les Etats-Unis et Israël ont voté contre. Peu après, la cheffe de la diplomatie argentine était limogée. « Notre pays s’oppose catégoriquement à la dictature cubaine », a justifié le gouvernement dans un communiqué. Jeudi, le porte-parole du gouvernement argentin expliquait cette éviction par le fait que ce vote allait à l’encontre de l’alignement sur les Etats-Unis – quel que soit son président – et sur Israël, le cœur de la politique internationale de Javier Milei : « Ce n’est ni plus ni moins que ça ».

Ce limogeage s’inscrit dans la purge, en vue d’une mise au pas, qui a commencé parmi les cadres du ministère des affaires étrangères, qu’ils aient été nommés par son administration ou par les précédentes. « L’exécutif lancera un audit du personnel de carrière du ministère des affaires étrangères dans l’objectif d’identifier les promoteurs des programmes ennemis de la liberté », prévient le communiqué annonçant le départ de Diana Mondino. Cet avertissement fait écho à une lettre adressée le 18 octobre par le gouvernement aux membres du ministère des affaires étrangères, y compris en poste à l’étranger : « Ceux qui ne sont pas en mesure d’assumer les défis de la défense des idées de la liberté devront faire un pas de côté. »

« Mener la bataille culturelle »

L’audit est une rupture avec la tradition de la diplomatie argentine, où « le pluralisme idéologique cohabite avec l’exécution d’une instruction [hiérarchique] », souligne Diego Guelar, ex-ambassadeur argentin en Chine, aux Etats-Unis et au Brésil, qui parle de « la peur » de certains cadres du ministère.

L’éviction de la ministre des affaires étrangères atteste du pouvoir de Karina Milei, sœur du président et secrétaire générale de la présidence, à l’œuvre pour adouber ou écarter les ministres et ceux qui gravitent autour de Javier Milei. Baptisée « le chef » par son frère, elle occupe de plus en plus le devant de la scène. Au mois de septembre, elle a été nommée présidente du parti présidentiel La Libertad Avanza (la liberté avance).

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