En Allemagne, Sahra Wagenknecht veut imposer une ligne prorusse dans les Länder de l’Est

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Sahra Wagenknecht, dirigeante du parti Sahra Wagenknecht Alliance (BSW), à Berlin, le 3 octobe 2024.

La palette chromatique de la politique allemande s’est dotée d’une nouvelle couleur : le violet. Aux côtés du noir des chrétiens-démocrates, du rouge social-démocrate et du bleu de l’extrême droite, figure désormais le mauve du jeune parti de Sahra Wagenknecht, baptisé « Alliance Sahra Wagenknecht » (BSW). Reconnaissable à ses chignons sévères et à ses vestes colorées, celle-ci a quitté en début d’année le parti d’extrême gauche Die Linke pour créer sa propre plateforme. Phénomène politique de l’année 2024 outre-Rhin, ce parti s’est vu attribuer la couleur mauve par les politologues pour tenter de cerner un positionnement qui demeure difficile à classer – quelque part entre le rouge de la gauche pour ses positions sociales et le bleu de l’extrême droite, pour son discours critique sur l’immigration ainsi que sa proximité avec la Russie.

Les partis historiques qui tentent de constituer une majorité pour gouverner en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg, ces trois régions de l’Est dont les électeurs se sont rendus aux urnes les 1er et 22 septembre, doivent désormais composer avec BSW. Car, deux mois après ces scrutins, marqués par une très forte progression de l’extrême droite, aucun des trois Länder n’est parvenu à former une majorité.

L’extrême droite est arrivée en tête en Thuringe et en deuxième position en Saxe et dans le Brandebourg, mais aucun parti n’accepte de négocier avec elle. Sahra Wagenknecht, en troisième position, se trouve donc en situation de faire ou défaire les coalitions. Désireuse de faire de son parti une formation d’envergure nationale en vue des élections législatives de septembre 2025, celle-ci a saisi tout le bénéfice qu’elle pourrait tirer de sa position d’arbitre pour promouvoir ce qui constitue le « noyau de [sa] marque », à savoir la remise en question du soutien à l’Ukraine.

L’opinion est très partagée

Née à Iena, en Thuringe (dans l’ex-RDA), âgée de 55 ans, Sahra Wagenknecht défend l’idée qu’une paix rapide est possible entre la Russie et l’Ukraine, dès lors que l’Allemagne cesse de livrer des armes à Kiev et s’oppose à tout déploiement de nouveaux missiles américains sur son sol. Un rapprochement avec la Russie aurait aussi, à ses yeux, l’avantage de rouvrir le robinet des livraisons de gaz russe bon marché dont l’interruption, après 2022, a cruellement pénalisé l’ensemble de l’économie allemande.

Même si les questions de politique étrangère ne sont pas du ressort des Länder mais de celui du gouvernement fédéral, celle qui est aussi députée au Bundestag depuis 2009 a posé comme préalable à toute discussion pour un contrat de coalition local la présence d’une déclaration explicite en faveur de négociations de paix, hostile au stationnement de nouveaux missiles américains sur le sol allemand et aux livraisons d’armes à l’Ukraine. Les gouvernements locaux peuvent, estime-t-elle, faire pression sur Berlin et influencer la politique étrangère.

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